À la maison à temps plein depuis plus d’une décennie pour s’occuper de son fils Guillaume, handicapé et bénéficiaire de soins palliatifs, Martine St-Pierre, chocolatière de profession, n’a jamais arrêté de rouler sa bosse. Elle a décidé de s’y dédier davantage en ouvrant une chocolaterie artisanale en novembre, sur le boul. Georges-Gagné à Delson.
Quitter la maison pour aller travailler ne va pas sans son lot de défis pour Mme St-Pierre.
Son garçon de 13 ans étant atteint de quatre malformations cardiaques et de déficience intellectuelle, en plus de souffrir du trouble de l’autisme, il pourrait décéder du jour au lendemain et est fragile, confie-t-elle.
«Personne ne comprend comment il peut continuer de vivre avec un petit cœur malade comme ça. Quand je reviens tard le soir, il veut sa maman et sa routine. Il ne dort pas. C’est difficile puisque je m’étais juré de ne pas ouvrir un commerce tant qu’il était présent», confie-t-elle.
La mère de deux enfants ajoute aussi qu’à la maison, elle n’avait pas d’horaire.
«Je me suis dit que quand mon fils allait partir, je n’aurais plus rien devant moi. Je devais faire le saut et je suis fière.» -Martine St-Pierre
À toute vitesse
Son projet d’ouvrir la boutique J’aime le chocolat s’est concrétisé rapidement et elle a dû s’adapter promptement. À la fin de l’été, Mme St-Pierre lançait l’idée à son mari qui travaille de la maison. Elle avait besoin davantage d’espace pour épondre à la demande grandissante pour ses confections chocolatées.
«On cherchait un local juste pour que je puisse produire au départ. Quand on est arrivé ici, en voyant qu’il y avait de la place pour la vente et le coulage, je me suis lancée. On a eu les clefs cinq semaines avant l’ouverture», relate-t-elle devant son présentoir.
Cet élément central dans le commerce est celui de ses êves, dit-elle les yeux brillants.
Ouverte trois jours par semaine pour l’instant, la boutique est entièrement exploitée par l’entrepreneure. Des membres de la famille lui donnent un coup de main au besoin.
Mme St-Pierre affirme être rapidement devenue victime de son succès, notamment avec la période des Fêtes qui s’amorce.
«La semaine passée, j’ai coulé environ 75 kilos de chocolat. Cette semaine, ça devrait être autour de 125. Vu qu’il n’y a pas d’agents de conservation, tout est fait à la dernière minute. Les produits ne peuvent pas se conserver plus qu’un mois», explique la chocolatière.
Plus qu’un métier
Pour Mme St-Pierre, créer des délices sucrés représente beaucoup.
«J’oublie tout. Je suis dans ma bulle, dans mon monde et je suis moi-même. Je ne suis plus la maman d’un enfant handicapé ou la femme de. Je suis juste moi et je fais mes choses avec ma musique, sans déranger personne. Ce sont mes moments à moi», décrit-elle.
Il y a cinq ans, lorsque Le Reflet la rencontrait pour raconter son histoire et celle de son fils, Mme St-Pierre n’aurait jamais pu imaginer qu’elle en serait là. Si elle avait à se projeter dans cinq ans, elle aimerait que sa boutique ait grandi, que son nom en tant que chocolatière soit reconnu et qu’elle ait gardé la passion pour cet art culinaire.