Épicurien et éleveur de sangliers

le mercredi 8 août 2018
Par redactionrf@gravitemedia.com Voir les autres articles

(Texte de Yanick Michaud) Éric Leboeuf gagnait formidablement bien sa vie comme analyste financier spécialisé dans l’immobilier pour une grande firme lorsqu’il a décidé qu’il en avait assez.
«J’avais des brûlements d’estomac, j’en avais assez de voyager matin et soir. J’ai décidé de tout abandonner, de suivre une formation de boucher et de devenir agriculteur», lance celui qui est maintenant éleveur de sangliers au Domaine Herdman à Hinchinbrooke.
«Je le fais avec ma conjointe, Guylaine et notre plus jeune fille, Millie, qui commence le secondaire bientôt. Et c’est une véritable passion», explique Éric Leboeuf qui a acheté sa terre de plus d’une quarantaine d’arpents en 2009, avant de devenir fermier en 2013.
«Ça a été beaucoup d’investissement de temps et d’argent, mais je profite de la vie. Je suis un épicurien qui aime bien boire et manger. Avec mon DEP en boucherie, je peux vraiment contrôler la qualité de ma viande et je produis ce que j’aimerais manger», dit M. Leboeuf qui encourage les producteurs locaux à travers sa propre production.
 
Des produits succulents
Alors qu’ils désirent se lancer dans la production d’agneaux, de poulets, de faisans, de canards, c’est en 2016 que les propriétaires du Domain Herdman se décident à se concentrer sur les sangliers.
«C’est une excellente venaison que les gens aiment découvrir. C’est une viande peu grasse, avec beaucoup de fer., de protéines et c’est délicieux», affirme le principal intéressé qui a acheté son troupeau de 70 sangliers en 2016 et qui compte atteindre 250 têtes d’ici 1 an et demi.
Il ajoute 150 bêtes par année à l’aide de ses reproducteurs et femelles gestantes.
 
Rusé, curieux, mais aussi méfiant, le sanglier est élevé en enclos et représente un formidable défi pour Éric Leboeuf qui ne regrette pas son choix d’être devenu éleveur. (Photo Journal Saint-François – Pierre Langevin)
 
Les petits marcassins arrivent en nombre de huit à dix par portée et c’est aux environs de 15 à 18 mois qu’ils prennent la direction de l’abattoir.
«C’est la seule chose que nous ne faisons pas ici. Ils sont conçus à la ferme, ils sont élevés, nourris d’herbe et de produits sains, ils grandissent et une fois abattus. Ils reviennent en carcasse et alors je procède à la boucherie et je prépare tous les produits que nous vendons», énumère l’éleveur qui vend du bacon, des rillettes, des saucisses, mais aussi de belles coupes prêtes à être cuites sur le barbecue.
Il possède une boutique que l’on peut visiter en même temps que la ferme, sur réservation, mais il parcourt aussi les marchés et festivals en été pour présenter ses produits de qualité.
«Dans mes saucisses par exemple, je mets de l’ail, de la bière, des champignons, des alcools produits dans la région. Je prône l’achat local, alors je ne mettrai pas de l’ail de Chine ou de la Guinness irlandaise dans mes saucisses», admet-il.
Il incorpore entre autres de la Corruption, produite chez Malteus, une micro-brasserie de Valleyfield dans ses saucisses. Un régal.
Il a aussi un camion de bouffe de rue et offre un service de méchoui complet où l’on peut découvrir cette viande à haute teneur en protéines et en fibres.
«C’est un animal formidable, que je me plais à élever. Tu ne deviens pas riche à faire de l’agriculture comme je la fais, mais je ne regrette pas ma décision. La vie est belle, elle est agréable et quand je marche dans mes champs le matin en regardant le soleil se lever, je me dis que j’ai bien fait d’avoir le courage de le faire. Nous sommes heureux», conclut ce fermier gentilhomme.