Une femme d’affaires a risqué le tout pour le tout

le mercredi 8 novembre 2017

Si elle est connue à titre de directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Royal Roussillon, Marcelina Jugureanu est avant tout une femme d’affaires qui n’a pas froid aux yeux. Lorsqu’elle a cofondé Systèmes Agro MJ en 2013 avec son associé, elle n’a pas hésité à vendre sa maison et ses biens pour financer sa nouvelle entreprise.
«J’y croyais et j’en suis fière aujourd’hui. Le risque était énorme, car nous avions quitté nos emplois respectifs pour nous concentrer à temps plein à ce défi», explique-t-elle.
Systèmes Agro MJ propose un logiciel pour l’automatisation manufacturière qui s’occupe de toutes les étapes liées à la production, la réception et l’expédition de produits. Il contrôle la qualité, la répartition (quantité) des composants et/ou ingrédients, pose des diagnostics et propose des solutions en temps réels en plus d’effectuer la traçabilité.
C’est aux côtés d’Albert Müller, le partenaire d’affaires de Marcelina Jugureanu, que le duo a décidé d’unir ses compétences respectives.
«Il y a beaucoup d’opportunités au Québec. Par rapport à nos compétiteurs, nous sommes très avantageux en raison de nos prix.»
– Marcelina Jugureanu, cofondatrice de Systèmes Agro MJ
«Je connais Albert depuis le secondaire. Il est ingénieur diplômé de l’École polytechnique alors que j’ai une formation de l’École des hautes études commerciales. Il travaillait déjà dans le domaine manufacturier. En 2009, je m’intéresse aux entreprises agroalimentaires et trois ans plus tard on commence, Albert et moi, à discuter du projet», déclare la présidente de Systèmes Agro MJ et résidente de Delson.
Mme Jugureanu a tenu à souligner le rôle essentiel que l’institution financière Desjardins a joué lors du démarrage de son entreprise.
 
Faire le saut
Alors que son partenaire d’affaires poursuivait chez lui le développement de son logiciel, la principale intéressée a effectué une étude de marché en 2013. Voyant les opportunités qui s’y rattachaient, elle a décidé de plonger dans l’aventure même si le logiciel restait à peaufiner.
Marcelina Jugureanu, aux côtés du cofondateur de l’entreprise, Albert Müller, ingénieur et directeur technique.
 
«Je me suis dit qu’il ne fallait pas attendre et je suis partie tout de suite à la recherche de clients, dit-elle. C’est en 2014 que nous avons décroché un premier contrat auprès de Lyrco nutrition, à Saint-Valérien-de-Milton, qui se spécialise dans les prémélanges qui entrent dans la composition de la nourriture [moulée] d’animaux de ferme.»
La femme d’affaires précise que ce n’est pas par hasard que cette entreprise a été ciblée.
«Le créneau que nous avons choisi est la fabrication d’aliments pour animaux. La raison est fort simple: peu importe de quelle façon l’économie évolue, c’est un secteur qui ne mourra jamais. On doit manger, donc les animaux doivent se nourrir. On touche aussi à l’industrie du ciment et du béton», mentionne Mme Jugureanu.
 
Partenariat et avenir
Installée à ses débuts dans le parc industriel de Delson, l’entreprise Systèmes Agro MJ, a maintenant pignon sur rue à Saint-Césaire.
«Nous avons conclu un partenariat avec un intégrateur, Nivek automatisation, qui a ses bureaux là-bas. Nous, on traduit les besoins de nos clients avec la réalisation de notre logiciel et Nivek l’installe [avec les composantes] chez le client. C’est un très beau partenariat que nous avons avec cette jeune entreprise», explique Mme Jugureanu.
Elle indique que l’avenir est au beau fixe pour sa compagnie dans la mesure où de nombreuses entreprises manufacturières au Québec ont besoin de moderniser leur procédé d’automatisation.
«On veut se lancer dans l’Ouest canadien. On est aussi en pourparlers avec des entreprises aux États-Unis, au Mexique et en Turquie. C’est délicat dans ce dernier cas, parce que le commerce international est très coûteux et que la politique est instable dans ce pays.»
 
Conciliation travail-famille
Mère monoparentale de trois enfants âgés respectivement de 15, 14 et 10 ans, Marcelina Jugureanu mentionne que ce n’est pas plus difficile pour une femme que pour un homme de concilier travail et famille.
«Dans les deux cas, ce sont parfois des choix déchirants qu’il faut faire, note-t-elle. La différence est que mes enfants sont grands. Je ne me serais pas vue avec ce train de vie là s’ils avaient eu 4 ou 5 ans. Mes enfants m’encouragent beaucoup à continuer, mais nos horaires sont planifiés. J’ai de l’aide de ma famille.»