Après avoir «accueilli favorablement» l’offre de Québec de financer 70% du déficit 2024 des organismes de transport collectif, les maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) la juge «largement insuffisante» pour le maintien et la relance du transport en commun. Ils demandent une rencontre avec François Legault et réclament à nouveau 346 M$, ce qui représente 75% du déficit… et 128 M$ de plus que la dernière offre de Québec sur la table.
Depuis vendredi, la ministre des Transports et de la Mobilité durable Geneviève Guilbault et la CMM se retrouvent dans une guerre de chiffres quant au déficit des sociétés de transport. Mme Guilbault a basé son offre dite «finale» sur un déficit de 337,9 M$ pour 2024, alors que la CMM évoque un déficit résiduel révisé estimé à 461,3 M$.
Les élus de la CMM ont fait parvenir ce lundi une lettre au premier ministre François Legault, à qui ils demandent une «entente de financement équitable» basée sur «le déficit réel de l’ARTM». Les villes souhaitent une entente rapide, considérant qu’elles doivent déposer leurs budgets sous peu.
Elles réitèrent aussi leur demande de réserver les revenus de la taxe sur l’immatriculation des véhicules, estimés à 122 M$ pour l’année qui vient, au soutien du développement des services.
Les municipalités de la CMM consacrent 930 M$ au transport collectif en 2023. Elles se sont entendues à augmenter de 4% leurs quotes-parts en 2024.
Baisse de services
La CMM craint que les organismes de transport en commun doivent se résoudre à des coupures de services en l’absence d’«aide financière suffisante» de Québec.
«Nous nous adressons à vous aujourd’hui puisque nous sommes extrêmement préoccupés par la situation à laquelle nous sommes confrontés, expriment les élus de la CMM. À défaut d’une participation suffisante du gouvernement du Québec au financement du déficit du transport collectif dans la région métropolitaine de Montréal pour l’année 2024, nous nous éloignerons collectivement de nombreux objectifs qui nous sont chers.»
Parmi eux se trouvent la réduction des émissions de GES, ainsi que l’aménagement et le développement du transport collectif.
Du côté du RTL, on indique ne pas vouloir commenter la situation alors que les discussions sont toujours en cours.
«Le statut quo ou une diminution importante de notre financement viendrait toucher l’offre de services directe aux usagers, ce que nous voulons éviter», confirme toutefois Maxime Laliberté, conseiller expert aux communications du RTL.
Il rappelle aussi les «efforts majeurs d’optimisation» du RTL de l’ordre de 41 M$ au cours des dernières années.
«Le RTL offre toute la collaboration et désire participer activement aux discussions afin de trouver des solutions», assure-t-il.
Ouverts pour la suite
Dans la lettre adressée à M. Legault, les élus assurent par ailleurs être «hautement disposés à contribuer au comité de travail que Mme Guilbault mettra en place afin d’améliorer l’efficience de nos sociétés de transport», et ce, pour la période de 2025 à 2028.
Rappelons que Mme Guilbault a annoncé vendredi le lancement d’audits de performance sur les dix sociétés de transport, incluant l’ARTM.
L’offre gouvernementale d’éponger 70% du déficit des sociétés de transport suit une première proposition de verser une aide équivalant à 20% du déficit; une offre qui a été vertement critiquée la CMM. Cette dernière a fait une sortie publique remarquée pour faire état des coupes de services qui se seraient imposées si Québec ne bonifiait pas son offre. Du côté de Montréal, on évoquait par exemple la fin du métro après 23h.