Genesis G70 2019 : une réelle menace?

le mercredi 2 janvier 2019


Article par Antoine Joubert

Débarquée depuis quelques mois, la G70 fait jaser. Déjà près de 1 000 unités ont été écoulées depuis son arrivée au pays, et il y a fort à parier pour que l’année 2019 soit celle d’un premier vrai succès pour la marque, qui accueillera aussi un premier VUS millésimé 2020. En attendant, l’objectif de la G70 est clair : elle vise directement l’acheteur de BMW de Série 3, de Mercedes-Benz de Classe C, mais également ceux qui pourraient être tentés par les Acura TLX, Infiniti Q50 et Lexus IS. Bref, cette berline sport compte faire la vie dure à toute concurrente.

En écrivant ces lignes, inutile de vous dire que plane une impression de déjà vu. Combien de fois nous a-t-on promis ciel et terre, soit pour la relance d’une marque ou encore par une bagnole qui allait révolutionner l’industrie? Parlez-en à Cadillac et Lincoln, qui ont sans doute été les plus répétitifs dans l’art de cette pratique. Est-ce que Genesis joue cette même carte? Non. Au contraire. En fait, on ne souhaite que réussir à faire découvrir la marque par toute sorte de stratagèmes à une clientèle qualifiée et exigeante, et en mesure d’apprécier à la fois le produit et le service.

Car oui, l’expérience d’achat et le service après-vente font partie intégrante de l’expérience Genesis. Pensez à la livraison de la voiture à domicile dans une remorque vitrée et à un service de voiturier pour tous les entretiens qui, pour une durée de cinq ans, seront sans frais pour le consommateur. La voiture de remplacement sera aussi incluse pour cette période, laquelle vous sera livrée au moment de récupérer la vôtre. Bref, on met tout en œuvre pour ne pas répéter les trop nombreuses expériences négatives entendues chez les concessionnaires de marques européennes.

Sous le charme Loin d’être laides, les plus grandes berlines Genesis que sont les G80 et G90 nous laissent esthétiquement plus sur notre appétit que la G70, qui affiche des lignes véritablement magnifiques. Un coup de crayon heureux, de belles proportions et un habillage riche et de bon goût font d’elle l’une des plus jolies berlines du segment. On s’est même inspiré de plusieurs éléments tirés de véhicules concurrents pour accoucher des lignes de la G70. Pensez à la calandre Audi, à la fenestration latérale de l’Infiniti Q50, ou à la partie arrière de l’ancienne Mercedes-Benz de Classe C. Mais ça, on ne l’admettra jamais…

À bord, l’inspiration allemande est flagrante. Or, pas question ici de dérouter le client avec un système multimédia complexe qui demande des mois d’apprentissage. Un écran tactile, des fonctions simples, efficaces, et l’intégration Apple CarPlay. Il n’en fallait pas plus. En revanche, l’équipe de design s’est attardée à la présentation intérieure avec minutie. Et bonne nouvelle, pas besoin d’opter pour la version la plus onéreuse pour bénéficier d’une présentation riche et de bon goût. Certes, la qualité des cuirs variera selon la mouture choisie, mais même une version de base baptisée Advanced vous sert un habitacle finement assemblé, revêtant de beaux matériaux parfaitement harmonisés.

Au volant, les sièges enveloppants sont très confortables et, pour une fois dans une voiture coréenne, ils ont une bonne latitude au chapitre de l’ajustement. On déplore toutefois une visibilité problématique causée par un coffre surélevé, mais surtout, par les dimensions d’un rétroviseur central qui gêne souvent le champ de vision situé à deux heures. En outre, sachez que les places arrière sont non seulement exiguës, mais que l’assise trop inclinée est franchement inconfortable pour un adulte.

On se pète les bretelles! Genesis se targue depuis l’introduction de la G70 d’un développement technique d’avant-garde, mais aussi d’avoir confié la tâche à un ancien ingénieur issu de la division M de BMW, du nom d’Albert Biermann. Et bien sûr, on ne se gêne pas non pour crier haut et fort que les tests se sont effectués sur le prestigieux circuit du Nurbürgring, en Allemagne. Or, est-ce que la voiture est à la hauteur?

Sur le plan technique, la voiture transmet d’abord une impression de sécurité et de solidité inhabituelle pour une bagnole coréenne. Et contrairement à la Kia Stinger, sa proche cousine, dans laquelle on entend quelques craquements et bruits de caisse, la Genesis G70 en est exempte. Il faut aussi applaudir l’équilibre et la grande maniabilité de la voiture, laquelle négocie avec aplomb des virages serrés, sans débalancement de la caisse ni roulis excessif. Selon le mode de conduite sélectionné, le contrôle dynamique de stabilité se montre même plus permissif, demeurant néanmoins fort efficace. Autre belle surprise, la direction, qui fait preuve de précision et qui se veut plus communicative que chez plusieurs rivales. Or, à ce compte, BMW conserve une petite longueur d’avance.

Son châssis rigide, son sentiment de légèreté et son confort surprenant, compte tenu de sa vocation sportive, viennent aussi nous faire apprécier le comportement de cette voiture, somme toute remarquable. Hélas, il est clair que le moteur 2,0 litres turbocompressé, loin d’être vilain, n’a pas l’étoffe de celui d’une Audi A4 ou une BMW de Série 3. Sur papier, il nous sert effectivement la même chose, générant 252 chevaux (255 pour la version Sport) et un couple de 260 lb-pi. Or, la plage de puissance n’est pas aussi linéaire, ce qui donne parfois l’impression d’un creux ou d’un essoufflement momentané. J’ajouterais que la réaction tardive de l’accélérateur électronique, en certaines situations, devient vite agaçante. Mais à ce compte, la concurrence allemande ne fait guère mieux.

Comprenez que le 2,0 litres turbo est loin d’être une mule, et que sa verve laisse tout de même place à de belles sensations. Maintenant, ce moteur n’est pas encore au niveau de celui de certaines rivales, tant au chapitre des performances, de la douceur que de la consommation. Disons que nous sommes ici à 85% de la vérité.

Fort heureusement, la G70 propose aussi un V6 biturbo de 3,3 litres qui selon moi, est le meilleur moteur jamais produit par Hyundai. Un moteur nerveux, fort en couple, musicalement agréable et qui ne semble jamais à bout de souffle. Jumel&eac
ute; à une boîte automatique à huit rapports et à un rouage intégral efficace, il constitue une option plus convaincante. Et la bonne nouvelle, c’est que vous l’obtiendrez dans une version bien équipée au prix d’un quatre cylindres chez la concurrence.

Merci Patrick! Le marché américain étant bien sû différent du nôtre, on propose là-bas plusieurs versions dépourvues de la traction intégrale HTRAC. Or, si la majorité des constructeurs offrent d’emblée les quatre roues motrices sur notre marché, Genesis a choisi de satisfaire les quelques érudits qui ne jurent que par les roues motrices arrière, mais aussi, par la boîte manuelle! Oui, vous pouvez obtenir une version propulsée par boîte manuelle, laquelle reçoit un échappement sport dont la sonorité est franchement très agréable. Cette dernière permet d’exploiter avec un meilleur contrôle la puissance du moteur 2,0 litres, et accroît l’agrément de conduite. Seul bémol, elle engendre une consommation d’essence plus élevée d’environ 5% par rapport à un modèle à boîte automatique et à rouage intégral.

Pour l’heure, la G70 est la seule voiture de ce segment à proposer cette option au Canada, que même BMW a abandonnée. Saluons ainsi l’audace d’un certain Patrick Danielson, notamment responsable de la planification de produits chez Genesis Canada, et qui se décrit comme un ardent défenseur de la boîte manuelle. Il est évident que ces versions ne courront pas les rues, mais pour les quelques amateurs qui souhaitent encore jouer du levier et apprécier l’authenticité d’une réelle conduite sportive, elles figurent au catalogue. Puis, il faut l’admettre, le seul fait de savoir qu’on le propose à ce je-ne-sais-quoi de cool!

Le plus gros défi? Comme dans bien des cas, le gros défi de Genesis, autant pour la G70 que pour les autres produits, est évidemment de faire rayonner l’image d’une nouvelle marque de belle façon. Parviendra-t-on à gagner le cœur du public comme Lexus l’avait fait lors de son arrivée en 1990? Réussira-t-on à séduire dans un marché où l’offre est plus complète que jamais? Et surtout, est-ce que la G70 saura convaincre les acheteurs de berlines sport de luxe? Chose certaine, jusqu’à présent, elle réussit là où la Jaguar XE a lamentablement échoué, et ce, sans réseau de concessionnaires réellement établi. Voilà qui est de bon augure…