Hélios, le soutien émotionnel en devenir de Juliane

le mercredi 23 juin 2021

Du haut de ses 18 ans, Juliane Lagacé confie ouvertement que la vie ne l’a pas épargnée. Trouble d’anxiété généralisé (TAG) sévère, crises de panique et dépression font partie de son quotidien. Alors que la médication et les nombreux suivis psychologiques ne suffisent plus, la jeune femme tente d’amasser de l’argent pour que son nouveau chien en devienne un de soutien émotionnel.

La Constantine tient à partager son histoire afin que le sujet de la santé mentale cesse d’être tabou. 
«C’est important d’en parler», affirme celle qui a déjà vécu de la violence, notamment.

Elle souhaite également que les gens connaissent davantage les bienfaits que peut apporter un chien de soutien émotionnel. 

«Aller chez des amis qui ont un chien m’a toujours fait décompresser. Ça m’apporte quelque chose d’autre que la médication. Ça me distrait de mes pensées», explique-t-elle. 

La jeune femme s’est récemment procuré un chiot berger australien qui fait déjà une grande différence dans son quotidien. Elle l’a nommé Hélios, qui signifie soleil en grecque. Elle a spécifiquement choisi cette race dans un élevage puisqu’il s’agit d’un animal actif.  

«Il m’aide à sortir du lit le matin. C’est mon rayon de soleil et ma lueur d’espoir», souligne-t-elle.

Formation canine

Deux options étaient possibles pour la jeune femme qui souhaitait avoir un chien de soutien émotionnel, soit celui d’en adopter un et de le faire entraîner pour ses besoins, ou de s’en procurer un déjà formé.

Elle a opté pour entraîner elle-même le chiot qu’elle vient d’adopter avec du soutien.  

Julie Beaulieu, bénévole et membre du conseil d’administration de l’organisme Psy’chiens, que Juliane Lagacé a contacté, explique que le fait de les entraîner soi-même accélère le processus qui peut impliquer de 4 à 5 ans d’attente autrement, en plus de réduire les coûts.

La formation complète coûte environ 10 000$, soit le montant que Juliane Lagacé tente d’amasser. Elle a présentement accumulé un peu plus de 1 000$ sur la plateforme GoFundMe.

Il est aussi possible d’entraîner son chien avec l’aide d’un éducateur canin, pour un montant de 500$ auquel s’ajoutent les frais d’acquisition, de vétérinaire, de nourriture et autres. Cette option est celle que la jeune femme a choisie, elle prévoit 2 000$ annuellement pour couvrir les dépenses liées à son animal.  

Mme Beaulieu précise que l’entraînement consiste à s’assurer que l’animal «soit gentil et ait un comportement adéquat dans son milieu de vie. Il va surtout agir de façon passive pour aider son maître. Certains peuvent aussi l’éduquer pour qu’il accomplisse des tâches médicales». 

Juliane Lagacé mentionne de son côté qu’elle souhaite que son chien puisse intervenir lorsqu’elle vit des épisodes de mutilation. Cela est possible, confirme Mme Beaulieu. 

«On peut entraîner un chien à répondre à des agissements. Par exemple, pour quelqu’un qui se gratte fréquemment lorsqu’il est nerveux, l’animal va répondre en le touchant pour le distraire. Il doit ensuite aller chercher ses propres outils comme marcher ou respirer», détaille-t-elle. 

Celle-ci ajoute que «des chiens peuvent également détecter quand une personne pleure et intervenir par points de pression» en appuyant à des endroits précis avec son museau, libérant des hormones dans le corps.

Pour avoir un chien de soutien émotionnel, une personne doit avoir été suivie au moins six mois en psychologie, puis doit avoir essayé d’autres options. 

«J’ai tout essayé. Un chien de soutien émotionnel, c’est pour moi l’aide ultime pour m’en sortir.»  
-Juliane Lagacé

Médication et soutien psychologique    

Juliane Lagacé répond aux critères, puisqu’elle est médicamentée depuis 2018. En janvier dernier, elle a reçu un diagnostic officiel de TAG. Elle a été hospitalisée durant dix jours en raison d’un trouble de conversion, soit de la paralysie causée par l’anxiété. 

«Ces derniers temps, je peux avoir jusqu’à quatre crises de panique par jour», dit celle qui consulte un psychologue et son médecin de famille, puisqu’elle est en arrêt de travail depuis quatre mois. 

Néanmoins, ses études en éducation spécialisée la motivent et elle ne prend pas de pauses dans cette sphère de sa vie. 

«Mes expériences personnelles m’ont menée à ce choix de carrière et j’y mets toute mon énergie. C’est certain que les crises de panique rendent cela difficile, reconnaît-elle, en plus des effets secondaires de la médication. J’ai des problèmes de mémoire, de la somnolence, et souvent je ne peux pas conduire.»

La liste des médicaments qui lui sont prescrits est exhaustive. Elle détaille notamment prendre un antidépresseur le soir, un antipsychotique le matin et un ativan trois fois par jour ainsi qu’au besoin, si elle fait une crise de panique. 

Chien d’assistance ou de soutien émotionnel?

L’organisme Psy’chiens insiste sur la distinction à faire entre un chien d’assistance et de soutien émotionnel. D’abord, le chien d’assistance, qui coûte environ 35 000$ au Québec, est voué à accompagner des gens avec une limitation physique, comme les non-voyants. 

«Le chien de soutien émotionnel n’a pas d’accès public. Il est par contre obligatoire de l’accepter dans les logements. Il doit aussi être recommandé par un professionnel de la santé», précise Julie Beaulieu.

Pour Juliane Lagacé, «un chien de soutien émotionnel identifié est aussi une façon, comme pour ceux avec un handicap, que les gens comprennent que je vis avec un problème de santé mentale. Si je fais une crise de panique et qu’il est avec moi, ils vont plus savoir comment intervenir».