Invalide depuis l’âge de 30 ans

le mardi 19 janvier 2016

Dès l’annonce du diagnostic en 1998, François Thibert a dû composer avec des deuils successifs dont la perte de son droit de conduire et de son emploi.

«En 2008, le jour de mes 30 ans, on m’a dit à l’usine de papier à Sainte-Catherine où je travaillais qu’il fallait que j’arrête. Je ne pouvais plus conduire les lifts ou opérer la machinerie. J’en ai pleuré une shoot, mais je ne l’ai pas montré. Il n’y a rien de plaisant à être invalide à 30 ans. Quand je fais une demande de prêt et qu’on me demande qu’elle est mon occupation, je dois répondre invalide, c’est insultant», raconte en sacrant l’homme la gorge nouée par l’émotion.

Le plus difficile selon lui, c’est de ne plus pouvoir faire ce que tout père ferait normalement avec sa famille.

«J’ai quatre enfants en garde partagé âgé de 6 à 13 ans. Je ne peux même pas faire du vélo, prendre ma voiture et partir en camping ou regarder mon plus jeune jouer au hockey. Ça fait mal», laisse-t-il tomber.

François Thibert n’accepte pas sa condition. Ses deux cannes blanches restent dans son placard lorsqu’il se déplace à pied. Et comme ses yeux ont conservé leur éclat, personne ne se doute du drame qu’il vit.

«Les gens ne croient pas que je suis aveugle lorsqu’ils m’aperçoivent. Si je prends ma canne, on va m’identifier comme un aveugle et je ne le veux pas. Quand je fais mon épicerie, je fais semblant de texter avec mon cell. Cela me permet de m’excuser si je rentre sans le faire exprès dans les gens. Tout le monde croit que je suis correct, mais personne ne sait ce qui se passe dans ma tête quand je cherche durant une demi-heure la maudite pinte de lait que je n’arrive pas à voir. C’est de l’orgueil mal placé et je le sais», admet-il.

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