Article par Frédéric Mercier
Après des années à dormir au gaz, les constructeurs automobiles de luxe s’apprêtent enfin à riposter à Tesla avec des véhicules 100% électriques.
Si le Mercedes-Benz EQC, l’Audi e-tron quattro et la Porsche Taycan se font encore attendre, Jaguar a été plus rapide avec son I-PACE, qui a déjà sa place chez les concessionnaires.
À mi-chemin entre une voiture et un VUS, l’I-PACE s’attaque à la fois à la Model S et au Model X, les deux véhicules les plus onéreux de Tesla. Histoire d’établir un comparatif, Le Guide de l’auto a pris le volant du Jaguar électrique tout de suite après avoir conduit une Tesla Model S 100D.
Et si Jaguar peut se vanter d’avoir riposté à Tesla plus rapidement que ses rivaux allemands, il y a encore un pas à franchir avant que les acheteurs de Tesla soient convertis.
Toute une gueuleSi l’objectif de Jaguar était d’attirer l’attention, on peut dire que c’est réussi. L’I-PACE est habillé d’une sublime carrosserie qui ne manque pas de faire tourner les têtes. Surtout avec les gigantesques roues de 22 pouces qui chaussaient notre modèle d’essai.
À côté de l’I-PACE, la Tesla Model S passe presque inaperçue. C’est tout dire!
L’histoire se répète à l’intérieur, où le véhicule électrique emprunte un tableau quasiment identique à celui du très luxueux Range Rover Velar. On retrouve ainsi un design extrêmement épuré où les commandes tactiles dominent; même les contrôles de ventilation passent par un écran. Une idée probablement géniale sous le soleil de la Californie, mais pas mal moins commode quand il fait -20 °C et que l’on porte des gants!
Vous l’aurez compris, l’esthétique prime sur le pratique à bord de l’I-PACE. Un autre bel exemple : les poignées de porte rétractables. Le genre de gadget qui impressionnera vos voisins, mais qui vous fera invoquer tous les saints au moindre épisode de verglas. D’ailleurs, nous nous sommes butés à des poignées qui refusaient de se rétracter après un passage au lave-auto lors d’une journée où la température était pourtant clémente.
La grosse trappe d’aération sur le capot, censée favoriser une meilleure circulation de l’air lorsque le véhicule est en mouvement, devient aussi franchement ennuyante quand vient le temps de passer le balai à neige.
Bref, on se retrouve derrière le volant d’un véhicule futuriste qui néglige parfois les besoins du « vrai monde » au profit du design et du tape-à-l’œil. Remarquez que Jaguar est loin d’être le seul constructeur à tomber dans le panneau.
On ne peut non plus taire la réputation de fiabilité assez boiteuse de Jaguar. Mais comme l’on se retrouve devant un nouveau modèle, donnons tout de même au I-PACE le bénéfice du doute.
Une autonomie décevanteCôté design, donc, Jaguar a franchement bien fait ses devoirs. Malheureusement, les choses se corsent quand vient le temps d’analyser les spécifications du bolide indobritannique.
Malgré une batterie de 90 kWh, l’I-PACE affiche une autonomie officielle plutôt désolante de 377 kilomètres, soit une centaine de kilomètres de moins que ce qui est proposé par le Tesla Model X, pourtant plus imposant.
En condition hivernale, nous avons à peine réussi à franchir 250 kilomètres en une charge. Un constat décevant pour un véhicule dont le prix de départ frise les 90 000 $.
Pour la recharge, l’I-PACE nécessite une douzaine d’heures pour retrouver toute son énergie lorsque branché à une borne de 240 volts. Les bornes de recharge rapide du circuit électrique sont également mises à la disposition du véhicule pour une recharge plus expéditive, mais l’I-PACE ne peut pas compter sur son propre réseau de recharge comme le fait Tesla avec ses « Superchargers ». Un autre atout pour la marque américaine.
Côté performances, le bolide de Jaguar n’a toutefois pas à rougir. Grâce à une puissance de 394 chevaux et à un couple de 512 livres-pied, l’I-PACE passe de 0 à 100 km/h en 4,8 petites secondes. Un peu moins rapide que la Model S 100D, mais rendu là, disons que c’est amplement suffisant.
Mieux encore, le bolide de Jaguar se démarque par une épatante tenue de route malgré son poids de 2 670 kilos. Le rouage intégral offert de série fait un excellent travail, de même qu’une direction que l’on peut modifier selon le type de mode de conduite sélectionné.
On retrouve aussi les technologies d’aide à la conduite habituelles, allant du maintien de voie au régulateur de vitesse adaptatif. Rien, toutefois, pour livrer une réelle concurrence à l’« Autopilot » de Tesla.
BrefTout ça pour dire qu’avec l’I-PACE, Jaguar place les acheteurs en quête d’un véhicule de luxe 100% électrique devant une alternative.
Seulement, la longueur d’avance que s’est forgée Tesla au fil des années lui confère un avantage sur son nouveau rival.
Grâce à une autonomie supérieure, un accès à leur propre réseau de recharge et une intégration technologique inégalée, les Model S et Model X demeurent championnes du monde des véhicules électriques de luxe.
Certes, l’I-PACE est moins cher, mais il en offre également beaucoup moins.