Pour les plus imaginatifs – ou les plus cyniques -, la présentation du budget fédéral, le 19 avril, avait des relents de Star Académie. Vous vous rappelez les paroles de la chanson thème? «Et c’est pas fini, c’est rien qu’un début…»
Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit. Tout en redistribuant encore généreusement des fonds à gauche et à droite, Ottawa lance une nouvelle taxe sur les produits de luxe. Elle va s’appliquer à l’achat d’automobiles, de bateaux et d’avions qui coûtent plus de 100 000 $. Au moins, le fédéral a renoncé à un projet qui avait été envisagé, paraît-il : imposer le gain en capital sur la vente d’une résidence principale à partir d’un bénéfice de 500 000 $ ou 1 million $, ce qui n’est pas si rare dans certaines villes du pays.
Mais ce n’est peut-être que partie remise. Il faudra bien un jour remettre les finances publiques en ordre.
Le déficit appréhendé pour l’année fiscale en cours va frôler 155 milliards $, et on s’attend à ce qu’il s’élève à 265 milliards $ en ajoutant les deux prochaines années, si tant est que les prévisions tiennent en temps de pandémie.
Que voulez-vous, quand le feu est pris dans la maison, on ne chipote pas sur le nombre et sur la taille des lances d’incendie! Un peu partout dans le monde, les gouvernements ont dû investir massivement pour éviter que leur économie ne s’écroule à cause des misères engendrées par la COVID-19.
La bonne nouvelle, s’il en est une, c’est qu’on s’attend à une vigoureuse croissance économique en 2021, qui devrait contribuer à regarnir le coffre du gouvernement et réduire les risques que le fédéral doive alourdir davantage les charges fiscales.
Il n’est pas étonnant dans ces circonstances que le budget ne réserve que peu de cadeaux aux citoyens. Les personnes âgées de 75 ans et plus, qui reçoivent déjà un chèque de la Sécurité de la vieillesse, auront droit cette année à un boni de 500 $. Par ailleurs, les propriétaires de résidence qui désirent en améliorer l’efficacité énergétique seront admissibles à un prêt sans intérêt allant jusqu’à 40 000 $.
En ce qui concerne les particuliers, c’est à peu près tout, si ce n’est de la mise sur pied d’un programme national de garderie… qui existe déjà ici, et qui permettra à Québec d’empocher du fédéral quelque six milliards $ en compensation.
Et pour le reste, croisons-nous les doigts en espérant que la vie finisse par reprendre son cours normal et que les gouvernements ne soient pas incités à puiser plus profondément dans nos poches!