La fermeture de la Lunetterie VUE laisse des clients dans le néant

le lundi 27 mars 2023

Des clients de la Lunetterie VUE se sont dernièrement butés à des portes closes ou à une boîte vocale. L’entreprise, qui compte une succursale au Mail Champlain de Brossard, a reçu l’ordre de la Cour supérieure de cesser toute activité jusqu’au 27 mars. L’Ordre des opticiens d’ordonnance du Québec lui reproche de vendre des lentilles ophtalmiques sans le concours d’un opticien ni d’un optométriste, ce qui est illégal.

Brenda Gervais ignorait tout de ce dossier judiciaire. Le 30 janvier, elle avait commandé des lunettes, au coût de 600$; un montant qu’elle a payé. Récemment, elle a tenté de joindre la lunetterie, afin de récupérer ses montures.
«Je n’avais pas eu de nouvelle. J’ai laissé un message chaque jour», relate Mme Gervais.

Elle n’a eu aucun retour. C’est en appelant au service à la clientèle du Mail Champlain qu’elle a appris que le commerce était fermé, sans plus d’informations. 

En cour

L’Ordre a entamé en décembre des recours judiciaires contre Lunetterie VUE et Khaled El Sheikh, actionnaire majoritaire de l’entreprise exploitant ce commerce.

Depuis le 20 février, la Cour supérieure exige entre autres à la lunetterie de cesser toute activité commerciale dans ses cinq succursales. Il lui est aussi interdit de poser, d’ajuster, de remplacer ou de vendre des lentilles ophtalmiques.
Selon l’Ordre des opticiens d’ordonnance du Québec, «les défendeurs font commerce de ces objets et ils exercent ainsi illégalement la profession d’opticien d’ordonnances», lit-on dans un jugement du 6 janvier.

Le 27 mars est la date à laquelle l’audience de l’injonction interlocutoire sera entendue.

Avare de commentaires

Le centre commercial confirme que la fermeture de la lunetterie «amène des situations particulières pour les clients ne pouvant plus récupérer leurs ordonnances», indique la directrice principale – gestion immobilière, chez Cominar, Mélanie Auger.

Les clients sont dirigés vers l’Ordre des opticiens d’ordonnance du Québec.  «Nous avons déjà communiqué avec plusieurs clients qui nous avaient contactés face à cette situation. D’après les commentaires de clients, ils se voient rassurer par le service reçu de la part de l’Ordre», précise Mme Auger.

Le dossier étant judiciarisé, l’Ordre n’a pas voulu commenter. 

L’avocat de M. Sheikh, Philippe Hershman, a aussi refusé de réagir, pour la même raison.

Selon la page LinkedIn de Khaled El Sheikh, l’homme d’affaires œuvre dans le milieu de la finance.

Recours des clients

Bien que la Loi sur la protection du consommateur ne s’applique pas aux professionnels, des recours pourraient s’offrir aux clients comme Brenda Gervais qui souhaiteraient être remboursés. 

Car si les reproches adressés à M. El Sehikh et ses entreprises d’exercer illégalement la profession sont fondés et prouvés, la Loi pourrait s’appliquer aux contrats conclus avec les clients, selon l’Office de la protection du consommateur (OPC).

«Sous réserve de ce que pourrait proposer comme recours l’Ordre des opticiens d’ordonnance du Québec, les consommateurs qui n’ont pas obtenu les services ou les produits pour lesquels ils ont payé devront décider s’ils veulent être remboursés ou s’ils préfèrent attendre la levée de l’ordonnance», indique Charles Tanguay, responsable des partenariats stratégiques et des relations avec les médias à l’OPC.

Ces clients pourraient porter plainte à l’Office et faire parvenir une mise en demeure exigeant le remboursement.
«En cas de refus, les consommateurs qui ont payé avec une carte de crédit devraient également voir s’il est possible d’obtenir un remboursement en s’adressant sans tarder à l’émetteur de leur carte de crédit», relève M. Tanguay.

Advenant une faillite des entreprises, ils pourraient s’inscrire comme créancier auprès du syndic.