La folie du paysagement perdure

le mardi 29 juin 2021

Le jardinage ne perd pas en popularité depuis l’été dernier, alors que la pandémie semble avoir donné à plusieurs l’envie d’investir pour embellir leur chez-soi. Les entreprises œuvrant dans le domaine sont également débordées, a constaté Le Reflet.

Au Marché des jardiniers à La Prairie, les fleurs se sont envolées encore plus rapidement qu’en 2020. 
«Les gens ont vu l’engouement. Ceux qui ont pris trop de temps à se décider ont perdu la chance d’acheter ce qu’ils voulaient pour leur jardin, comme les fleurs, dont la saison des ventes dure normalement de mai à la troisième semaine de juin», rapporte Steven Bastien, directeur adjoint aux opérations des marchés pour l’Association des producteurs maraîchers du Québec. 

En date du 10 juin, les fleurs se faisaient déjà rares, affirme-t-il. Les producteurs ont dû se tourner vers les fruits et légumes, pour lesquels la saison a été devancée également. 

Les commerçants étaient néanmoins prêts. 

«Les serres l’avaient prédit et ont produit davantage. Malgré cela, tout part vraiment vite», ajoute M. Bastien. 
L’augmentation des ventes se chiffre environ à 40% par rapport à l’été 2020. Ce qui a été le plus populaire selon lui, ce sont les plantes de jardin. 

Par exemple, le bien connu François Martel, appelé «M. Tomates», a normalement une production régulière de 10 000 plants. Il en avait vendu le triple à la mi-juin. 

«Les files d’attente étaient impressionnantes, relate M. Bastien. Ça commence normalement à la fête des Mères. Cette année, les commerçants étaient déjà en mode vente en même temps qu’ils préparaient leur ouverture à la fin du mois d’avril.» 

Pour M. Bastien, la popularité du jardinage s’explique bel et bien par la pandémie et le temps qu’ont eu les gens à la maison pour s’adonner à cette activité. Toutefois, il a la certitude que cela va perdurer. 

«Les gens ont vraiment eu la piqûre. Ils ont découvert de nouvelles possibilités. Le chez-soi est devenu vraiment important», croit-il. 

«Ce que les marchands de fleurs font en presque deux mois, ils l’ont fait en trois semaines.» 

-Steven Bastien

Défis 

L’entreprise Clôtures CS3 dont les opérations s’étendent de Greenfield Park à Sainte-Catherine et Delson, notamment, s’attendait à un deuxième été occupé. La demande en résidentiel a «facilement doublé». 

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Sylvain Morin (à gauche) avec des membres de son équipe. (Le Reflet – Vicky Girard)

«Depuis le confinement, les gens dépensent pour leur cour. Ça nous amène beaucoup de travail, mais les fournisseurs ont de la difficulté à nous approvisionner», explique cependant Sylvain Morin, propriétaire de l’entreprise de six employés. 

En mars et avril, l’agenda pour la saison a été rempli entièrement. Cela représente entre 100 et 150 clients.

C’est également le cas de l’entreprise paysagiste Arpents Verts à Sainte-Catherine. 

«La folie a commencé très tôt pour nous, merci à Dame Nature, qui a joué fort dès les premiers jours d’avril. Le téléphone n’a pas dérougi pour plusieurs semaines après les quelques jours de chaleur que nous avons connus», témoigne la compagnie au Journal. 

Depuis que le déconfinement s’est amorcé en revanche, les appels ont ralenti, ajoute-t-elle. 
Quelques contrats peuvent encore être alloués, malgré «le départ très fou».

Main-d’œuvre 

Les employés qualifiés demeurent également un enjeu pour certaines compagnies. 

«Malheureusement, tout a un effet pervers. La pénurie de main-d’œuvre nous force à moins demander d’expérience et à passer plus de temps en formation. Les employés demandent de gros salaires, parce que ça joue du coude dans les entreprises, alors ç’a aussi un effet sur nos prix», explique M. Morin. 

Denrées rares et coûteuses

En début de saison au mois de juin, certaines compagnies de clôture n’avaient déjà plus de bois.

«Quand on fait des soumissions pour des clôtures de ce genre, les gens restent surpris. Elles sont devenues presque aussi dispendieuses que celles en composite. Cela a probablement freiné l’envie de plusieurs de faire des projets en bois dans tous les domaines», reconnaît Sylvain Morin.

Il détaille qu’une planche qui en coûtait 9,50$ en 2020 se vend maintenant 17$. Le prix dépend du type de bois et de la grandeur désirée. Pour 13 poteaux de 4 pouces par 4 pouces et d’une hauteur de 10 pieds de haut, en cèdre, il en coûte environ 750$, environ, cite-t-il en exemple. Cela représente une augmentation d’«un bon 70%». 

L’approvisionnement est aussi un défi dans le milieu du paysagement. C’est le cas de la tourbe, qui se fait rare. En 2020, il était possible d’en acheter à un prix semblable aux années précédentes, jusqu’à ce qu’il grimpe de 108% au milieu de la saison dernière, puis de 153% il y a environ un mois, détaille l’entreprise Arpents Verts. 

«En général, la disponibilité des plantes est aussi difficile», observe-t-elle.