La MRC de Roussillon dénonce les pratiques de recyclage révélées par Enquête

le jeudi 10 février 2022

La MRC de Roussillon, responsable de la collecte des matières recyclables de 11 villes dont Candiac, Delson, La Prairie, Saint-Constant, Sainte-Catherine, Saint-Mathieu et Saint-Philippe, a réagi au reportage de l’émission Enquête dévoilant que la compagnie Ricova envoyait des conteneurs de ballots de papier recyclé contaminés en Inde. C’est cette entreprise qui gère la collecte, le transport et le tri des matières recyclables sur le territoire de la MRC.

L’enquête, diffusée à Radio-Canada le 3 janvier, révélait que des ballots de papier contaminés expédiés par la compagnie Ricova provenant d’un centre de tri de Montréal ont été interceptés par un inspecteur en Belgique à l’automne 2021. Les ballots de papier étaient mélangés à différentes matières, dont des plastiques mous. Un inspecteur interviewé dans le cadre du reportage estimait le taux de contamination à 25 %, ce qui est nettement supérieur aux normes exigées. Ces matières s’accumulent sur des terrains en Inde et seraient utilisées clandestinement comme combustible.  

« Exporter de la pollution, c’est inacceptable! Ça l’est d’autant plus dans les pays en voie de développement où les communautés sont d’autant plus fragiles. C’est un enjeu mondial, mais nous devons nous y attaquer localement. Nous avons tous une part de responsabilité et nous entendons continuer à suivre la situation de très près », s’est insurgé Christian Ouellette, préfet de la MRC et maire de Delson, par voie de communiqué.

Contrat avec Ricova  

La MRC de Roussillon a un contrat avec la compagnie Ricova jusqu’en 2024. Cette compagnie a racheté les actifs de Tiru en 2020. Cette dernière avait été la seule entreprise à soumissionner lors de l’appel d’offres pour le contrat, a rappelé la MRC. Elle opère trois centres de tri, dont un à Châteauguay.

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Le citoyen, la compagnie, la MRC et les gouvernements ont tous une responsabilité dans la gestion des matières recyclables, a mentionné Sylvain Payant, maire de Saint-Isidore et membre du comité de gestion des matières résiduelles. « Nous faisons tous partie de la solution. Et notre première responsabilité : refuser les matières suremballées et nous assurer de réduire la quantité de matières que nous générons collectivement. C’est ensemble que nous relèverons ce défi, un geste à la fois», a-t-il commenté.

De son côté, la MRC a expliqué qu’elle suit les camions jusqu’au centre de tri grâce aux GPS sur les véhicules ainsi qu’à l’aide de ses inspecteurs sur le terrain; qu’elle fait des contrôles ponctuels au centre de tri pour «s’assurer du respect du contrat et du tri adéquat des matières recyclables». Ces matières deviennent la propriété du centre de tri une fois qu’elles sont collectées, a précisé la MRC.

Questionnée à savoir si de la contamination était constatée lors des contrôles ponctuels, Anne-Louise Milot, directrice des communications à la MRC, a indiqué que c’était impossible d’estimer un taux de contamination sur les ballots par une observation visuelle. «Il faudrait ouvrir les ballots et trier à la main les matières qu’on y trouve», a-t-elle illustré. La MRC n’a pas de rapports à ce sujet non plus de la part de la compagnie. «L’entreprise elle-même ne semble pas connaître le taux de contamination des ballots», a-t-elle mentionné.

Le PDG de Ricova Dominic Colubriale a réfuté les données avancées au sujet de la contamination de ces matières. «Notre modèle d’affaires mise sur la qualité des matières triées et revendues», a souligné M. Colubriale dans un communiqué publié au lendemain de la diffusion de l’émission. Il mentionne que sa compagnie fait des efforts pour moderniser les équipements désuets laissés par l’entreprise qu’elle a rachetée.