La région en vedette dans un documentaire sur la crise du verglas

le lundi 9 janvier 2023

Ces jours-ci, des documentaires soulignent les 25 ans de la crise du verglas survenue en janvier 1998. L’un d’eux, réalisé par Jean-François Poisson et diffusé en ligne à TVA, partage le témoignage de l’ancienne mairesse de Saint-Philippe, Lise Martin, qui raconte notamment s’être déplacée à Montréal pour rencontrer en personne le premier ministre du Québec Lucien Bouchard afin de solliciter son aide. 

En entrevue à la caméra dans 35 jours de noirceur, Mme Martin relate que la municipalité, habitée alors par un peu moins de 4 000 résidents, a été plongée dans le noir «en deux temps trois mouvements». Rapidement, l’état d’urgence a été décrété à Saint-Philippe par le ministère de la Sécurité civile, se souvient-elle. 

«Il fallait continuer d’offrir les services aux citoyens, mais il n’existait pas de livre de recettes pour nous dire comment faire face au verglas. C’est avec notre pif que nous avons trouvé des solutions», affirme-t-elle dans le documentaire. 

Le réalisateur présente des archives de l’époque, dont une photo tirée du Journal Le Reflet publiée le 24 janvier 1998 et une entrevue télévisée de Mme Martin. L’ex-mairesse de 1992 à 2000, puis de 2009 à 2017 rappelait alors que Saint-Philippe ne comptait que deux employés, sans directeur général ni directeur de services. 

«C’est vraiment l’équipe de conseillers municipaux qui a pris en main la situation», faisait-elle savoir. 

Dans le documentaire, Mme Martin ajoute qu’elle s’est rendue à Montréal pour rencontrer le premier ministre Lucien Bouchard, qui lançait un appel aux directeurs généraux des municipalités pour connaître leurs besoins.

«Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de DG à Saint-Philippe, que j’avais besoin de son aide. Il a demandé à son attaché de le faire. Puis, il nous a envoyé trois grosses génératrices», raconte celle qui avait aussi partagé cette anecdote au Reflet en 2018.

Mme Martin témoigne de la débrouillardise des résidents sinistrés, alors que 120 mm de verglas s’étaient abattus sur la province, puis de la générosité de ses contacts et de ceux du conseil.

«J’ai contacté IKEA  qui nous a envoyé une palette de chandelles à remettre aux gens. Une des conseillères connaissait un livreur de bois de chauffage à Sherbrooke qui nous fournissait un camion de bois chaque semaine.  Un ami, propriétaire d’un buffet, a fourni des déjeuners, dîners et soupers au centre communautaire», énumère-t-elle.

Au terme d’une trentaine de jours, Saint-Philippe a été alimentée à nouveau par le courant, permettant à la population «de retrouver son milieu de vie et sa vie d’avant», affirme l’ancienne mairesse. 

«Tout s’est déroulé au jour le jour, selon les contacts de l’un et l’autre. Ça prend de la volonté et il faut s’oublier», conclut-elle. 

Hôpitaux touchés

Le documentaire partage également le point de vue du docteur Alain Vadeboncoeur, alors médecin urgentologue à l’Hôpital Pierre-Boucher à Longueuil. 

«Les ponts vers Montréal étaient fermés et les ambulances ne pouvaient plus passer, se souvient-il. D’habitude, les hôpitaux de Montréal vont chercher environ 30 à 40% de la clientèle de la couronne, donc tous les besoins étaient concentrés en Montérégie.»

À ce moment, les hôpitaux connaissaient des taux d’occupation inégalés, ajoute-t-il. Un total de 76 ambulances se sont dirigées vers l’urgence de l’hôpital Pierre-Boucher en une journée, du jamais-vu, note Dr Vadeboncoeur. 

À l’Hôpital du Suroît à Salaberry-de-Valleyfield, une salle d’opération a été plongée dans le noir pendant une intervention, qui a dû être terminée à la lumière d’une lampe de poche. 

Toutefois, selon l’urgentologue, c’est à l’Hôpital Charles-Lemoyne à Longueuil où la situation a été la plus critique. 

«Une génératrice plante. Tu te retrouves avec un hôpital de plusieurs centaines de lits dans le noir et 11 patients sous respirateur aux soins intensifs dont l’appareil cesse de fonctionner, raconte-t-il. Tu as du personnel qui se précipite pour les ventiler, mais tu es dans le noir sans moniteur cardiaque.»

L’armée leur viendra finalement en aide en les déplaçant en hélicoptère avec le matériel nécessaire à bord.