L’abolition des élections scolaires est un recul pour la démocratie

le mardi 8 décembre 2015

La présidente de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries (CSDGS), Marie-Louise Kerneïs, se dit inquiète pour la démocratie scolaire avec la disparition prochaine du conseil des commissaires. Le ministre de l’Éducation, François Blais, a déposé à cet effet, un projet de loi vendredi.

«Ce projet confirme une tendance axée sur l’individualisme. En donnant la gestion des commissions scolaires aux parents-utilisateurs, cela va favoriser davantage le désintérêt de la population face à l’éducation», a-t-elle déclaré.  

Elle rappelle que l’éducation est un «bien collectif» et qu’à cet égard les élections scolaires permettaient à tous, qu’ils soient parents ou non, de se présenter à titre de commissaire pour participer à la gestion des écoles.

«Ce projet de loi est une centralisation des pouvoirs auprès du ministre de l’Éducation. Je n’ai pas de problème à ce qu’il y ait une personne responsable [ministre], mais si celle-ci est remplacée tous les six mois, où va aller le système d’éducation? Cela fait 12 ans que je suis présidente à la CSDGS et j’ai vu passer huit ministres de l’Éducation», déclare Mme Kerneïs.

Elle craint aussi que chaque école formule ses demandes particulières sans avoir une vision collective.

«J’ai l’impression qu’elles vont devenir de petites écoles privées centrées uniquement sur leurs besoins. Nous, à la commission scolaire, on s’assure que ce sont les besoins de tous qui soient pris en compte», déclare-t-elle.

Pas de projet de réussite

La présidente de la CSDGS déplore qu’on ne parle nulle part dans le projet de loi de réussite ou de persévérance scolaire.  

«On aurait dû y indiquer comment améliorer la réussite des élèves. C’est essentiel. Il faut que le Québec ait une politique nationale de l’éducation publique. Là, on patche des trous avec une loi parce que des personnes ont décidé de ne pas aller voter aux dernières élections», poursuit Mme Kerneïs.

La CSDGS acheminera un mémoire lors de l’étude de la loi avant son adoption.

Si le conseil des commissaires disparaît, les taxes scolaires seront maintenues ainsi que les 72 commissions scolaires. Certaines responsabilités qui leur étaient dévolues seront transférées aux écoles. Concernant les commissions scolaires anglophones, ce sont les parents qui décideront d’élire ou non leurs représentants.

En 2014, à peine 5% des francophones avaient exercé leur droit de vote. Les élections scolaires avaient coûté 20 M$.