L’amour au temps des réseaux sociaux

le jeudi 9 février 2017

Quand Patrycja Zarzecki a rencontré en personne Simon Chartier-Dagenais à leur premier rendez-vous, elle en savait déjà beaucoup sur sa vie. Leur histoire d’amour a débuté par une demande d’amitié sur Facebook. Pour la jeune femme de Saint-Constant et les autres couples interrogés par Le Reflet se connaître via les réseaux sociaux réduit le stress de la première rencontre.

Patrycja Zarzecki passe de nombreuses heures à parcourir le mur virtuel de son compte Facebook. La jeune femme de 21 ans, qui en avait 18 à l’époque, est tombée par hasard sur une photo d’une ancienne copine de classe qui posait avec Simon Chartier-Dagenais. En consultant son profil Facebook, elle a constaté que le jeune homme de Saint-Constant était célibataire.

«Je le trouvais de mon goût et je lui ai envoyé une demande, explique-t-elle. Je m’attendais à une réponse régulière du genre: ‘’Tu es qui?’’ ‘’Est-ce qu’on se connaît?’’ Il m’a plutôt demandé si c’était mon vrai nom, puisque je suis d’origine polonaise. J’ai trouvé ça drôle et c’est comme ça qu’on a commencé la conversation.»

Les deux ont discuté pendant un mois avant de se rencontrer en personne.

«Tu jases, tu ouvres les portes que tu veux. C’est plus facile de faire le contact sur les réseaux sociaux qu’en personne», soutient son amoureux de 24 ans.  

Moins de gêne

Cédric Piasco, qui a rencontré sa conjointe Sandrine Garand via le réseau social hi5, est aussi du même avis.

«Ça permet de mieux cerner si nous sommes compatibles, affirme l’homme de 37 ans. Les gens ont moins de gêne pour communiquer derrière un clavier qu’en personne lors d’un premier rendez-vous. Ça permet de discuter plus en profondeur.»

Originaire de Tahiti, le couple, résident de Sainte-Catherine depuis 2013, s’était inscrit sur hi5, un réseau social très populaire dans leur pays natal.  

«C’était le même concept que Facebook, avec des photos, des vidéos, une description, etc.. Il m’a envoyé un message pour me dire qu’il aimait bien mes photos, explique la femme de 35 ans. On s’est parlé sur MSN pendant un mois.»

En discutant, les deux tourtereaux ont découvert qu’ils travaillaient à 200 mètres l’un de l’autre!

«Un soir, je lui ai dit que je rentrais chez moi et, en passant devant son travail, il m’attendait sur le bord de la route, raconte-t-elle. Je ne m’y attendais pas.»

Grâce à leurs échanges virtuels, Sandrine Garand avait déjà des attentes face à leur relation potentielle.  

«À force de parler avec lui sur MSN, je sentais que j’avais envie qu’on fasse un bout de chemin ensemble», affirme-t-elle.

Tinder et les stéréotypes

De son côté, Adrianne Venne n’avait pas d’appréhensions ni d’attentes lorsqu’elle a rencontré son amoureuse Christina Bourgeois pour la première fois en personne, après deux semaines de conversation virtuelle.

«On a toujours été honnête dans nos discussions, affirme la Constantine de 22 ans. On est resté fidèles à ce qu’on s’était dit. Je n’étais pas stressée de la rencontrer.»

«Il n’y avait pas de cachoteries, renchérit sa compagne, âgée de 25 ans. Je m’attendais juste à voir la personne à qui j’avais parlé. Je n’ai pas été déçue, au contraire.»

Le couple s’est formé via Tinder, une application mobile basée sur la géolocalisation. Christina Bourgeois s’y est inscrite pour rencontrer des gens, alors qu’Adrianne Venne l’a fait sous l’insistance d’une amie.

«J’haïssais Tinder. Je trouve ça tellement superficiel, avoue-t-elle. C’est le karma! Je me suis toujours dit que c’était n’importe quoi et que je ne voulais pas aller là-dessus. Finalement, c’est moi qui me case.»

«On connaît tous la réputation de Tinder. C’est pour une nuit, pas pour la vie!» ajoute en riant sa complice.

Pas de malaises

Les trois couples n’ont pas de malaises à dévoiler à leur entourage la façon dont ils se sont rencontrés.

«Les gens sont surtout étonnés de savoir que les relations fonctionnent et qu’elles durent», affirme Adrianne Venne.

«Ils ont l’air surpris que ça marche, mentionne aussi de son côté Sandrine Garand. Nous sommes la preuve que oui, finalement.»

Il peut y avoir des déceptions, met en garde une experte

Même si les relations de couple qui ont débuté sur les réseaux sociaux peuvent se terminer en conte de fées, il y a un risque de désillusion lors du premier rendez-vous, estime Maude Lecompte, chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal en sexologie.

«Les échanges textuels qui précèdent la rencontre peuvent permettre de mieux connaître l’autre. Ils peuvent aussi être à l’origine d’une déception. Les échanges peuvent être trompeurs ou embellir la réalité», met en garde Mme Lecompte.

D’après elle, les célibataires se tournent vers les réseaux sociaux «principalement pour la simplicité des choses».

«Avec les contraintes de temps, les sites et les applications permettent de faire des rencontres et d’avoir accès à des réseaux autres que le sien ou celui de ses proches», explique-t-elle.

Les applications comme Tinder offriraient aussi une protection, poursuit Mme Lecompte.

«La possibilité d’être rejeté est moindre, car les deux personnes doivent signaler un intérêt pour qu’il y ait une interaction, rappelle-t-elle. Si l’intérêt n’est pas partagé, ça demeure secret.»

Au cours de ses recherches sur le sujet, la chargée de cours a constaté que ce sont les 18-24 ans qui se retrouvent le plus souvent sur ces applications, puisque leur utilisation demande une bonne connaissance des technologies et une fréquence soutenue sur les réseaux sociaux.