Crainte de contracter la COVID-19, confinement, déconfinement, passeport vaccinal… La pandémie joue sur les nerfs et les deux dernières années semblent avoir amené leur lot d’anxiété. Qu’en est-il de nos amis à quatre pattes qui partagent notre quotidien? Ressentent-ils nos montagnes russes d’émotions? Sont-ils affectés? Entrevue avec la Dre Chantal Riendeau, cofondatrice et vétérinaire-propriétaire de l’hôpital vétérinaire Vet & Cie à Brossard.
Q Les animaux ressentent-ils le stress des humains et comment cela se manifeste-t-il chez eux ?
Oui, beaucoup. Ce qui peut se passer à la maison, c’est un facteur que l’on va considérer lors d’un examen. Un classique, c’est l’hyperactivité: le chien a de la misère à s’apaiser, il a des troubles de sommeil ou encore est très réactif à l’environnement. Ce sont des signes que l’on voyait avant, mais que l’on observe plus depuis la pandémie. Le potentiel d’anxiété d’un chien, ça peut venir d’un problème de socialisation… s’il n’a pas eu de bons contacts, ou même aucun contact.
Durant la pandémie, des chiens ont développé une anxiété de séparation: ils paniquent si le maître n’est pas là. Des chiens vivent même de l’hyperattachement: ils sont anxieux, même en présence de leur maître. Un chien voudra être dans la même pièce que lui, et voudra le toucher constamment, par exemple en étant assis à ses pieds pendant qu’il travaille. On le voyait avant, mais c’est plus fréquent aujourd’hui.
Q Et la pandémie a-t-elle eu un impact chez les chats ?
Pour les chats d’intérieur, on l’a vécu un peu plus au début de la pandémie. J’ai remarqué une recrudescence des problèmes urinaires. Avant, le chat faisait ce qu’il voulait chez lui, mais là, il y a un parent à longueur de journée. Ce n’est pas sa routine habituelle. Mais on ne voit pas tant de changement chez les chats avec la pandémie.
Q Comment ne pas «contaminer» notre animal avec notre stress ?
On essaie de sensibiliser les gens, surtout à l’arrivée d’un chiot. C’est important de faire un plan de socialisation. Juste jouer dehors, ça ne suffit pas. Dès que l’on reçoit l’animal, il faut partir sur de bonnes bases. Il faut le faire entrer en contact avec d’autres animaux ou de nouvelles personnes, ce qui explique d’ailleurs que c’est plus compliqué avec la pandémie. Le principe est que chaque expérience nouvelle soit positive. S’il vit un stress à une première expérience, ça peut tout détruire.
Le pire endroit pour socialiser un chien, c’est le parc à chiens! Parce que ce n’est pas une zone contrôlée. Le chien peut se faire courir après par un autre chien… Ce n’est pas tout le monde qui surveille son animal. Pour certains, ça se passe bien, mais c’est un coup de dés.
Q Quels sont les bons endroits ?
Avant même la pandémie, on avait pensé à créer une garderie à l’hôpital vétérinaire. L’idée est que la socialisation se déroule le mieux possible, chaque fois. Il se donne aussi des cours de maternelle pour chiots. Ce ne sont plus des cours d’obéissance, mais plutôt d’éducation. C’est fait pour favoriser le contact entre l’humain et le chien, pour arriver à mieux se parler mieux se comprendre. On est conscient que ce n’est pas évident, on ne parle pas le même langage!
Q Quels sont les autres éléments pris en considération dans un plan de socialisation ?
On sensibilise beaucoup les gens à la socialisation de leur chien par rapport au bruit – que ce soit le bruit de la balayeuse, d’une voiture – et à la manipulation. Il faut l’habituer tranquillement pour qu’il se laisse manipuler les pattes, les oreilles, la bouche, pour leur brosser les dents. C’est quelque chose qu’ils n’apprécient pas tant, mais qu’ils acceptent. C’est un deal qu’on fait!
Q Un chien doit-il toujours être en présence de son maitre durant son plan de socialisation ?
Voilà un autre élément qui a été plus dur en pandémie! Avant, les gens allaient au travail, au restaurant, et le chien pouvait rester seul. Avec le télétravail, le chien est moins souvent seul, et même lorsqu’on sort prendre une marche, on l’amène avec soi! Pour pouvoir gérer son anxiété, un chien ne doit pas être constamment avec une personne. Quand on le laisse seul, c’est important de sécuriser son endroit, en laissant à sa portée un toutou, pour qu’il puisse se divertir, ou de lui donner une gâterie.
