Le boulevard des graffitis

le mercredi 22 juillet 2015

Gary Chartand est tanné: il promet une récompense de 1000$ à toute personne qui permettra d’épingler les graffiteurs qui ont vandalisé le mur de briques de son commerce dans la nuit du 9 juillet.

Aux petites heures du matin, le locataire qui habite au-dessus du commerce Gary Chartrand chauffage et climatisation a pris sur le fait des malfaiteurs. Ils en sont même venus aux coups avant que ces derniers prennent la poudre d’escampette.

«Ils étaient deux à peinturer pendant qu’un troisième complice les attendaient dans un char», a su M. Chartrand d’après les dires de son locataire.

Le bon Samaritain a eu le temps de noter les trois premiers chiffres de la plaque d’immatriculation. Une plainte a ensuite été déposée à la police.

M. Chartrand considère que les graffitis sont une plaie sur le boulevard Taschereau.

«C’est un fléau, déplore l’homme d’affaires. C’est la 6e fois en quatre ans que ça arrive. Le bâtiment n’est pas neuf et la brique s’en vient usée à force d’être lavée. Ça enlève toute la protection.»

Et ce, sans compter les frais de nettoyage qui s’élèvent à plus de 600$ chaque fois, selon lui.

«Ce sont les mêmes dessins, les mêmes signatures qu’il y a deux ou trois ans», ajoute M. Chartrand.

Au moins une dizaine

Sur moins d’un kilomètre entre la rue Poupart et le chemin de Saint-Jean, Le Reflet a compté une dizaine de graffitis des deux côtés de la rue. Souvent, ils se trouvent sur des murs. D’autres fois, sur la clôture d’un bac à ordures, comme c’est le cas chez Cycle Néron.

«Il est apparu au début juin, raconte la propriétaire Carole Néron. On l’a gardé parce que je me dis que si je l’enlève cet été, je vais en avoir d’autres. Je vais attendre à l’automne.»

Mme Néron sent qu’elle a les mains liées. «Si je l’enlève, ça recommence et la police ne fait rien», affirme-t-elle.

Idem pour le commerce Lebeau vitres d’auto. «Le bureau-chef est au courant qu’on a un graffiti depuis au moins plus d’un an, mais il le laisse parce que c’est sur le côté de la bâtisse», explique Lorena Chicoine, experte conseil à cet endroit.

Le propriétaire d’Hypotheca SSM, Christian Chrétien, traîne également des vestiges du passé.

«J’en ai eu il y a presque deux ans. Sur le côté, ça n’a jamais parti», dit-il.

Dans son cas, les graffitis étaient d’autant plus difficiles à faire disparaître que sa façade est en agrégat. Il a fallu qu’il fasse repeindre la surface. Un jet trop puissant aurait détruit la matière.

Au bureau de poste, des nettoyeurs étaient à l’œuvre lundi matin pour enlever des graffitis réalisés il y a trois semaines, selon Luc Jean, responsable de la succursale.

«C’est la première fois que ça arrive, dit-il. C’est quand même étonnant parce qu’on est voisin d’une école.»

Des néophytes

Le propriétaire du salon de coiffure Il y a la coupe, Alain Rouillier, n’hésite pas à qualifier les graffiteurs de médiocres. «J’aime l’art urbain, mais ce sont des néophytes. Ils peinturent comme de la m…!, lance-t-il. C’est plus du sabotage qu’autre chose!»

Le poteau d’une enseigne, des rampes et un pot de fleurs du commerce ont goûté au mauvais goût des malfaiteurs.

«C’est un peu plate parce que ce n’est pas toujours possible d’enlever les graffitis. Souvent, il faut repeindre au complet parce que la couleur de la peinture n’existe plus pour faire des retouches seulement», dénonce M. Rouillier.

Il suggère qu’on mette à la disposition des graffiteurs un endroit, comme un mur, où ils pourraient s’exprimer sans polluer les commerces. 

Selon la police, les graffitis ne sont pas reliés à un gang de rue.