Dans le rétroviseur
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
Par Catherine Ratelle-Montemiglio, bibliothécaire à BAnQ
Connaissez-vous les fanzines, ces petites publications faites à la main en quantité limitée, au contenu aussi diversifié que les gens qui les conçoivent, et qu’on appelle aussi des « zines »? Si ces créations marginales qui circulent en dehors des circuits habituels de l’édition commerciale sont de plus en plus populaires, plusieurs ignorent que leur origine, au Québec, se trouve à Longueuil… dans les années 1970!
En effet, c’est au cégep Édouard-Montpetit que l’on trouve la première publication connue à s’autoproclamer « fanzine » au Québec. Il s’agit de Requiem, qui se consacre entièrement à la science-fiction, un sous-genre de la littérature qui cherche à l’époque à gagner ses lettres de noblesse. Il est publié dès 1974 à l’initiative de Norbert Spehner, professeur de littérature, et de ses étudiants. Requiem est vraiment un fanzine au sens premier du terme, qui est une contraction des mots « fanatique » et « magazine » : littéralement, un magazine pour les fans! Dans leurs premières incarnations, ici et ailleurs, les fanzines étaient en effet produits par des amateurs d’un sujet particulier, par exemple un genre littéraire ou musical, dans le but de créer une communauté, un fandom.
D’ailleurs, un article au sujet de Requiem paru dans Le Courrier du sud en 1978 explique très bien cette idée de créer une communauté autour d’un objet d’intérêt : « […] c’est ce qui donne ce cachet amical et sympathique à ce type de publication, où le lisant on a l’impression que tout le monde se connait. Il n’est pas question d’établir une communication à sens unique, mais bien de favoriser un échange mutuel entre lecteurs et auteurs ». On trouve dans Requiem des contributions des cégépiens et cégépiennes sous forme de textes de fiction, de critiques littéraires, d’illustrations, etc. Le magazine se professionnalisera progressivement et deviendra une publication reconnue qui existe toujours aujourd’hui, sous le nom de Solaris.
Au cours des années suivantes, le genre se transformera peu à peu; de nos jours, les fanzines ne s’adressent plus nécessairement à une communauté précise de fans, mais embrassent une grande diversité de thèmes et de formes. Si vous souhaitez explorer encore plus cet univers, passez au Salon du livre de Montréal, où pour la première fois un espace sera consacré aux zines.
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Sources consultées :
Caccia, Fulvio, « Longueuil, capitale de la science-fiction québécoise », Le Courrier du sud, 3 mai 1978, cahier D, p. 14.
Legendre, Izabeau, La scène du zine de Montréal, Montréal, Aura, 2022.