Le deuil du gazon parfait

le mercredi 24 mai 2017

Un terrain avec des pissenlits est souvent mal vu, mais les citoyens doivent s’y faire.

«La pelouse parfaite verte n’existe plus depuis que le gouvernement a banni certains pesticides», affirme Daniel Dubuc, propriétaire de Traitement de pelouse La Prairie et Les jardins de Brossard.

Il accepte très bien ces contraintes. «Il faut protéger la terre et arrêter de jouer à l’autruche. À l’époque, on utilisait des produits qui peuvent occasionner des problèmes pour la santé à long terme», soutient cet expert.

Son entreprise a néanmoins plusieurs demandes pour traiter les pelouses contre les mauvaises herbes, dont les pissenlits.

Même son de cloche pour André Leblanc, propriétaire de Botanix – Faucher plantes et pavés à La Prairie. Selon lui, la solution la plus simple est «d’accepter les pissenlits et d’arrêter de se battre contre la nature». Il soutient qu’il faut «baisser ses attentes».

Par contre, un résident qui n’en veut pas sur son terrain peut utiliser des herbicides ou du gluten de maïs. Plus drastiquement, il leur recommande d’enlever la pelouse en place et de repartir à zéro sur de bonnes bases.

Pour sa part, Édith Smeesters, biologiste et porte-parole pour Équiterre, soutient que la clé du succès est la biodiversité.

Des trucs pour un beau gazon

Le gazon doit être dense pour éviter la prolifération des mauvaises herbes. Mme Smeesters, auteure du livre Guide du jardinage écologique, suggère de diversifier les espèces en semant des trèfles blancs. Le propriétaire de Botanix mentionne en vendre de plus en plus, bien qu’à un moment les gens cherchaient à ne plus en avoir.

Les intervenants interrogés par Le Reflet affirment tous qu’au moins cinq à six pouces de bonne terre sont nécessaires avant de poser des plaques de gazon pour éviter la prolifération d’herbes indésirables.

«S’il n’y a pas beaucoup de terre, les racines ne seront pas profondes. Le gazon sera en mode survie. La nature s’attaque toujours au plus faible», indique le propriétaire de Botanix.

«Un endroit qui n’a pas beaucoup de terre est propice aux pissenlits. Ils sont mieux adaptés pour ce type de terrain», affirme Mme Smeesters.

M. Leblanc ajoute qu’un bon système d’irrigation aide à avoir un beau terrain. Il précise qu’il doit être utilisé seulement quand le sol est sec grâce à un détecteur d’humidité.

Pour sa part, le propriétaire de Traitement de pelouse La Prairie ne recommande pas un système d’irrigation. «Ça arrose trop et mal. Trop d’eau est mauvais pour le système racinaire et peut favoriser des maladies de pelouse», dit M. Dubuc.

Loi sur les pesticides

Mme Smeesters a milité pour que le gouvernement interdise les pesticides, dont on connaît peu les effets sur la santé, dit-elle.

En 2003, le gouvernement du Québec a mis en place un Code de gestion des pesticides, dans sa Loi sur les pesticides. Il encadre la vente et l’utilisation de ces produits. Ce Code permet de mieux prévenir les risques sur la santé et l’environnement.

L’ensemble des municipalités a l’obligation de le respecter. Les Villes du territoire ont confirmé cette information. Elles ont indiqué au Reflet effectuer un entretien de leur terrain en coupant régulièrement le gazon. De plus, des travaux d’aération et d’ensemencement sont faits chaque année pour le rendre plus dense et réduire l’apparition des pissenlits ou autres mauvaises herbes.

Bienfaits du pissentlit

La biologiste Édith Smeesters soutient que le pissenlit apporte des bienfaits pour la santé, notamment au niveau du foie. Il est dépuratif et diurétique, dit-elle. Des tisanes, des capsules, du miel et des liquides à base de cette plante sont en vente dans certains commerces de produits naturels.

Le pissenlit est également comestible. Les racines et les feuilles peuvent être consommées avant la floraison. Ensuite, elles sont plus amères, mentionne Mme Smeesterh.

Les fleurs peuvent servir notamment pour en faire du vin. «J’en ai une dizaine de bouteilles que j’ai faites dans mon sous-sol. Ça se boit très bien», soutient-elle.

Le pissenlit est également la première fleur qui est butinée par les abeilles.  

Son origine

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques indique que le pissenlit est une fleur exotique. Il est arrivé, comme d’autres sortes de plantes, avec la colonisation du continent par les Européens. Le pissenlit a volontairement été transporté jusqu’ici parce qu’il était cultivé pour ses vertus diurétiques.

Vos réactions sur les pissenlits

«Je trouve ça beau présentement quand ils sont jaunes. Ils mettent de la vie et de la belle couleur… mais chez les autres, pas sur mon terrain! Nous faisons la guerre chaque printemps.»

-Rachel St-Pierre

«Après le pollen, la plante meurt et laisse ton terrain en ruine.»

-François Bergeron

«Je ne comprendrai jamais le rêve de la pelouse verte digne de terrain de golf. Si notre société était moins accro aux pesticides et engrais chimiques, je les utiliserais en cuisine comme le font les Européens.»

-Gabrielle Gonthier

«Je fais traiter mon terrain par une compagnie parce que je suis hyper allergique.»

-Marie-Ève Desrochers

«Je capote tellement, il y en a sur mon terrain en avant. J’en suis gênée!»

-Julie Huot

Conseils pour entretenir son gazon Ne pas le couper trop court. Le réparer au printemps. Mettre de la semence et arroser pour le garder humide durant 21 jours au soleil ou 15 jours à l’ombre. Mettre de l’engrais au besoin.