Le resto du présent

le mercredi 25 janvier 2017

Voici le billet du 25 janvier 2017 d’Hélène Gingras.

Est-ce que vous vivez trop le moment présent?

@R:On n’arrête pas de nous répéter de vivre l’instant. Qu’il n’y a que ça qui compte. C’est sain, en effet. À condition de ne pas verser dans l’extrême non plus.

Vendredi, je sors manger au restaurant avec des amies. À défaut d’avoir réussi à joindre le resto pour réserver une table, on se pointe sur place.

L’hôtesse qui nous accueille nous demande si on a une réservation.

– Non, malheureusement, je ne suis pas arrivée à vous joindre, que je lui réponds.

Je vois quelques tables vides avec le mot «réservé» dessus. Les autres sont toutes occupées. Aussi, sa réponse ne me surprend pas.

– On n’a pas de place, me dit-elle.

J’acquiesce. Les autres aussi. Je vois bien qu’elle ne peut pas nous asseoir.

Une amie la relance.

– Dans combien de temps pensez-vous qu’une table va se libérer?, lui demande-t-elle.

Parce qu’on pourrait attendre un peu si ce n’est pas trop long. Ou aller prendre un apéritif au bar complètement désert en attendant.

Je vois la surprise dans le regard de l’hôtesse. Parce qu’elle ne s’attendait pas à cette question. Pourtant, on a attendu à peine attendu cinq minutes pour s’asseoir. Trop débordée, l’employée n’arrivait pas à prévoir la prochaine table qui allait se libérer.

En moins de deux minutes, l’hôtesse nous a saluées deux fois. Nous prenant pour de nouvelles clientes. Alors que nous avions décidé de patienter un peu. Avec son accord. Ce qui explique sans doute qu’elle ait donné la première table de quatre personnes disponible à un couple arrivé après nous.

Je n’ai jamais travaillé en restauration ni étudié en marketing, mais j’ai vite compris qu’elle était nouvelle. Ou pas à sa place. Aucun propriétaire de restaurant si peu soucieux de la rentabilité de son resto n’a les moyens de refuser autant de clients que j’ai vu être refoulés à la porte. Alors que les trois tables près de nous n’ont jamais accueilli d’autres personnes que celles que j’ai vu partir pendant que je mangeais.

Je ne peux lui en vouloir, l’hôtesse vivait son moment présent…

Excusez mon sarcasme. Cette employée manquait clairement de formation ou d’organisation pour occuper son rôle.

J’ai malgré tout passé une belle soirée. On a bien fait d’insister un peu.