La circulation a totalement cessé dans la voie maritime Saint-Laurent alors que les employés syndiqués de la Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent ont enclenché la grève à minuit samedi soir, en raison de l’échec des négociations en cours depuis quelques mois.
Le syndicat d’Unifor, qui représente les employés en grève, avait donné un pré-avis de 72 heures en prévision d’une éventuelle impasse dans les négociations. Devant l’impact de cette grève sur le transport des marchandises, les deux parties se disent néanmoins ouvertes aux discussions.
« Nous avons négocié de bonne foi jusqu’au dernier moment, mais nous ne pouvons pas permettre que les droits des travailleuses et travailleurs soient compromis. Nous restons ouverts à la discussion et espérons que l’employeur reconsidérera sa position pour le bien de tous », mentionne le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier.
« Les enjeux sont élevés et nous sommes déterminés à trouver une solution qui serve les intéêts de la Corporation et de ses employés. Nous restons déterminés à poursuivre les discussions et à parvenir à un accord de travail équitable », a pour sa part déclaré Terence Bowles, président et chef de la direction de la CGVMSL. « En cette période de crise économique et géopolitique, il est important que la Voie Maritime demeure une voie de transport fiable pour le transport efficace de cargaisons essentielles entre l’Amérique du Nord et le reste du monde. »
Notons que la Corporation a déposé une demande auprès du Conseil canadien des relations industrielles, pour que, en vertu du Code canadien du travail, le syndicat fournisse des employés pendant cette grève afin de s’assurer que les navires participant au transport des cééales continuent de transiter par le système.
Selon la Corporation, aucun navire n’attend de sortir du éseau, mais il y a plus de 100 navires à l’extérieur du éseau qui sont touchés par la situation. Elle estime néanmoins qu’Unifor “n’a que très peu évolué par rapport à sa position initiale et cohérente sur ses revendications salariales. “
La députée bloquiste de Salaberry-Suroît, Claude De Bellefeuille, a voulu commenter ainsi la situation: «Cette semaine, j’ai rencontré le syndicat des travailleurs et un représentant de la Voie maritime. Les deux parties veulent en arriver à une entente négociée, ce qui est dans l’intéêt de tous. La négociation de bonne foi permettra de trouver une solution durable. »
L’arrêt des activités de transport maritime laisse planer de sérieux impacts négatifs sur l’activité économique. Bruce Burrows, président et chef de la direction de la Chambre de commerce maritime affirme: « Une perturbation prolongée nous ferait assurément éaliser vivement à quel point la vie en Amérique du Nord dépend de la voie maritime, qui représente le cœur de son économie Il est tout simplement impensable de fermer la voie maritime lorsqu’on pense aux milliards de dollars d’activités économiques en jeu, aux dizaines de milliers de gens qui participent aux activités de la voie maritime, ainsi qu’aux transporteurs, aux entreprises et aux consommateurs qui dépendent de ce système pour acheminer leurs biens. »
De son côté, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) se dit également très préoccupée quant aux effets de cette grève sur les PME. “Les retards dus à une grève comme celle-ci peuvent entraîner des pertes de ventes et de revenus, et même des pertes d’inventaires pour les entreprises touchées, note Jasmin Guénette, vice-président, Affaires nationales de la Fédération. Les PME sont déjà confrontées à l’inflation, à la pénurie de main-d’œuvre, à des dettes élevées et à une demande en baisse. Elles ne peuvent pas subir une nouvelle grève qui aurait des conséquences néfastes sur leurs opérations.”
Localement, l’impact se fera également sentir sur les activités du Port de Valleyfield, qui reçoit annuellement des milliers de tonnes de marchandises pour fins d’entreposage et de manutention. Il en est de même pour les activités qui seront paralysées aux écluses de Beauharnois et de Sainte-Catherine.