Les choses qu’on ne s’est pas dites

le mercredi 13 juillet 2016

Voici le billet du 13 juillet 2016 d’Hélène Gingras.

Combien de phrases n’avez-vous jamais prononcées?

Qui sont restées dans votre tête. Dans vos pensées. Parce que vous n’arriviez pas à les dire à la personne en question. À les formuler. Par gêne. Malaise. Inconfort. Parce que le bon moment ne s’est jamais présenté. Parce qu’elles sont prises dans votre gorge. Nouée.  

Pour ma part, j’ai cette colonne publique. Qui me permet souvent de vous faire part de mes réflexions. Ou de ce que j’ai envie de dire à quelqu’un sans être capable de le faire de vive voix. Et je sais que je ne vous épargne pas depuis deux semaines. Vous avez été plusieurs à me le dire…

J’essaie le plus souvent possible d’être raccord avec qui je suis. Et avec qui je suis en relation. Ce n’est pas toujours facile. Surtout quand vient le temps de se parler des vraies affaires. Je suis meilleure pour cabotiner, je trouve. Parce que les mots sont plus faciles à prononcer.

Puis, ce n’est jamais facile de trouver les bons mots. Le stress de choisir les bons mots. La pudeur. La crainte de n’être pas bien reçu. De ne pas être compris. Accepter de se montrer vulnérable. Etc.

Il y a quelques jours, j’ai eu des nouvelles d’une personne que je connais depuis plusieurs années. D’un contact professionnel, en fait. Frappé par la maladie (oui, encore quelqu’un que je connais). J’ai pris deux minutes pour lui écrire. Lui faire savoir que je suis peinée par ce qui lui arrive. Que je pense à lui. Et que je lui envoie de bonnes pensées.

Parce que c’est quelqu’un que je respecte. Et que je sais que lui aussi. Sans jamais que nous soyons devenus amis, nous avons développé un respect mutuel. Qui m’a été dévoilé lorsqu’il a pris sa retraite, il y a un moment, en réclamant de faire sa dernière entrevue avec moi.

Ça m’avait touché d’autant plus que nos contacts étaient toujours demeurés professionnels. N’avaient jamais franchi le stade de la camaraderie.

Cette semaine, j’aurais voulu lui écrire aussi à quel point je le considère également. Que j’aimais bien obtenir son point de vue sur les dossiers régionaux. Parce que ses réflexions n’étaient jamais banales ni vides de sens. Que je regrette de ne pas l’avoir questionné davantage. Mais, même à l’écran, je n’ai pas réussi à l’écrire.