Les organismes communautaires victimes de préjugés ?

le mardi 17 mai 2016

La directrice générale de la Maison du goéland à Saint-Constant, Lise Campeau, dénonce les préjugés que certaines hautes instances de la santé mentale, dont des médecins-psychiatres, entretiendraient à l’égard de son organisme et autres du genre.

«Ils ont un gros manque de confiance envers l’expertise des organismes communautaires. Ils ne sortent pas de l’hôpital pour venir nous voir malgré nos portes ouvertes. Ils ne nous connaissent pas», se désole-t-elle.

L’organisme qu’elle dirige s’adresse à une clientèle vivant une détresse psychologique.

«Nous sommes pourtant accrédités par Québec, nos services sont évalués et nous recevons des subventions pour les services qu’on offre. Les gens qui travaillent avec nous sont diplômés», fait-elle valoir.

Elle va plus loin en indiquant que certains spécialistes «découragent» les gens de se rendre à la Maison du goéland.

«C’est comme s’il était préférable que des personnes demeurent sur des listes d’attente plutôt que venir nous rencontrer. J’ai des gens qui sont arrivés ici, alors qu’il était en attente depuis quatre ans en psychiatrie. En ce moment, la moyenne d’attente est de 18 mois», indique Lise Campeau.

Elle rappelle que la Maison du goéland offre un soutien individuel, mais aussi collectif.

«Quand une personne est dépressive, elle peut en parler avec d’autres et ainsi démystifier ce qu’elle vit, dit-elle. Il est démontré que ce soutien social est aussi important que la thérapie elle-même.»

Parmi les services offerts par l’organisme, on retrouve un centre d’hébergement s’adressant à des personnes en démarche d’autonomie. 

Table de concertation

Pierre Guay, directeur des programmes en santé mentale et dépendance au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), nuance les propos de Lise Campeau.

«Il y a deux ans, on a ouvert nos portes du département de psychiatrie aux organismes de notre territoire afin qu’ils puissent faire la promotion de leurs services. La promotion des services de nos partenaires sur notre territoire, qui fait partie de notre plan d’intervention, est toujours à refaire», fait-il remarquer.

Parmi les mesures du plan d’intervention, le CISSSMO mettra sur pied durant l’année une table de concertation en santé mentale pour son territoire. Cette mesure fera en sorte de réunir tous les organismes communautaires et autres paliers travaillant dans ce secteur.

 

Marc est passé par la Maison du goéland

Avant de se rendre à l’Avant-Garde à La Prairie, Marc était passé par la Maison du Goéland. «Il participait à des groupes de croissance. Il avait des compétences de base de socialisation, mais ne semblait pas avoir un gros réseau de soutien. C’est nous qui l’avons référé à l’Avant-Garde», a indiqué Lise Campeau.

 

La santé mentale en Montérégie

12 % : pourcentage de la population, soit 150 000 personnes touchées de près par des troubles mentaux en 2013-2014. Il s’agit de troubles pour lesquels les gens ont reçu un diagnostic d’un médecin. Ces problèmes couvrent une gamme très étendue dont les troubles de l’humeur (ex: épisodes maniaques, bipolarité ou dépressifs), les troubles névrotiques, les troubles anxieux (phobiques, obsessionnels-compulsifs, de l’adaptation, dissociatifs) et la schizophrénie.

13 % : le pourcentage de personnes atteintes est un peu plus élevé chez les femmes que chez les hommes (10%). Il n’y a pas de différence majeure entre la Montérégie et l’ensemble du Québec à cet égard.

11,2 % : pourcentage des jeunes (1 à 17 ans) atteints de troubles mentaux. Celui-ci a doublé, passant de 5,4% en 2000-2001 à 11,2% pour 2013-2014. L’augmentation importante du nombre de jeunes atteints de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et de trouble du spectre de l’autisme (TSA) pourrait expliquer en partie ces données.

(Source : CISSSMO)

 

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