Les responsables en service de garde sonnent l’alarme

le mardi 19 janvier 2016

Les responsables de services de garde en milieu familial subventionnés déplorent l’exode des parents vers le privé.

Depuis la mise en place du projet de loi 28 sur la modulation des tarifs en service de garde, Lyne Bourassa qui offre un service à Sainte-Catherine vit des heures difficiles.

«J’ai une place disponible depuis le mois de mai que je n’arrive pas à combler, indique celle qui pourrait accueillir six enfants. C’est la première fois en 13 ans que ça m’arrive.»

«J’ai aussi un enfant qui était à cinq jours et les parents m’ont demandé de tomber à trois jours, sinon ils s’en allaient au privé, poursuit-elle. Avec la contribution additionnelle, ils craignent d’avoir un montant trop élevé à payer à la fin de l’année.»

Depuis avril 2015, les parents continuent de payer 7,30$ par enfant par jour, mais devront payer une contribution additionnelle, déterminée en fonction du revenu familial, au moment de produire leurs impôts.

Pour une famille avec un revenu de 50 000 $ à 75 000 $, le tarif quotidien passe à 8 $. Au-delà de 75 000 $, la contribution parentale augmente graduellement jusqu’à 20 $.

«Pour une famille à 100 000$ de revenus, les parents vont être obligés de payer 2000 ou 3000$ supplémentaires d’un coup. C’est une somme importante», indique Mélanie Piché, présidente de l’Alliance des intervenantes en milieu familial (ADIM) du Suroît.

Pour le Suroît, 700 places ont été perdues au profit du privé, atteste l’ADIM.

Pertes financières

«Un enfant en moins, c’est à peu près 400 à 450$ de perte par mois, et si on compte mon autre enfant tombé à trois jours, c’est de 600 à 700$ par mois que j’ai en moins», estime Mme Bourassa.

«Si je vais en bas de quatre enfants, c’est problématique, ajoute-t-elle. Là, j’ai un conjoint, alors je suis correcte, mais en bas de quatre, je devrai regarder autre chose ou voir si le privé fonctionne vraiment.»

Jusqu’à présent, la RSG affirme avoir pu souffler parce qu’elle avait deux poupons. Une subvention supplémentaire de 110$ par mois est allouée aux enfants en bas de 18 mois.

«En général, pour une responsable, une assurance collective familiale coûte 340$ par mois. Elle a en plus des obligations réglementaires sur l’alimentation des enfants, sur l’hygiène, sur le nombre de jouets éducatifs, etc. Si elle veut entretenir son service de garde, à quatre enfants, elle survit trois ou quatre mois, pas plus», avance Mme Piché.

Places disponibles

Les milieux familiaux assurent une place régie et subventionnée à plus de 90 000 enfants qui bénéficient de services pédagogiques contrôlés et appliqués, selon le Programme éducatif du Québec.

«Le ministère a créé une liste centralisée (Guichet unique) pour les CPE et les garderies subventionnées. Nous, on représente la moitié du réseau subventionné et il ne nous a pas mis sur la liste, déplore la présidente de l’ADIM Suroît, Mélanie Piché. Les parents voudraient bien se trouver une place, mais malheureusement, personne ne leur donne les moyens de nous trouver.»

Sans expliquer pourquoi il en est ainsi, la directrice du service des communications du ministère de la Famille, Nadia Caron, indique qu’une deuxième phase d’implantation permettra d’accueillir «les inscriptions des parents qui souhaitent que leur enfant fréquente un service de garde en milieu familial régit».

«Des discussions seront entamées avec les associations représentatives de personnes responsables d’un service de garde en milieu familial et les modalités de l’offre de services du Guichet unique seront à convenir», a-t-elle fait savoir par courriel.