Le 12 février dernier, Richard Gauvin rendait son dernier souffle et c’est toute la communauté de patin de roulettes qui perdait un de ses piliers. Celui qui a fondé les Paladiums de Brossard et de Longueuil avait non seulement donné l’élan de ce loisir sur la Rive-Sud de Montréal, mais l’avait fait perdurer dans le temps.
Le patin à roulettes a connu ses heures de gloire à la fin des années 70 et au début des années 80. Depuis, le sport est en déclin et les endroits pour le pratiquer ont fermé l’un après l’autre.
Ouvert le 12 décembre 1975, le Paladium de Brossard, lui, était une exception.
Sur sa grande piste en bois de la grandeur du Forum de Montréal, il recevait encore des patineurs le dimanche jusqu’au début de la pandémie.
(Vidéo : Gracieuseté)
Un passé glorieux
Contrôleur de métier, Richard Gauvin cherchait une idée pour se lancer en affaires. Ayant d’abord songer à installer des terrains de tennis à Brossard, il découvre la ferveur du patin à roulettes lors d’un voyage aux États-Unis.
«Nous cherchions depuis longtemps un loisir peu dispendieux qui pourrait à la fois intéresser les jeunes et les moins jeunes et être à la portée de toute la famille. Après plusieurs visites aux États-Unis, on s’est rendu compte que le patin à roulettes prenait une grande vogue», déclarait M. Gauvin à l’Oeil régional en 1975.
C’est dans ce contexte que le Paladium de Brossard fut construit sur le boulevard Taschereau. La piste est aménagée pour recevoir 900 patineurs à la fois et l’établissement est ouvert toute l’année.
L’ambiance allie la pratique du sport à la discothèque et connaît également un franc succès au Québec, au point où M. Gauvin et ses associés ouvrent une deuxième salle, avec une piste circulaire, à Longueuil.
Des années après l’apogée
La flamme du patin à roulettes décline toutefois au courant des années 80 et les salles pour le pratiquer se mettent à fermer une à une.
Bien au courant de cette réalité, M. Gauvin décide de diversifier les usages de ses grandes salles. Ainsi, les salles étaient utilisées pour organiser des manifestations, pour des partys de Noël, et plus récemment, pour du bingo.
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Le Paladium de Brossard faisait 200 pieds par 85, soit la dimension du Forum de Montréal. (Photo : Gracieuseté)
Les jours de patin diminuaient, mais le loisir a longtemps continué d’être pratiqué après le tournant du 21e siècle.
La pandémie est toutefois fatale au sport.
À la fermeture du volet patin Brossard le 15 mars 2020, le Paladium tenait six jours et demi de bingo et une seule plage horaire de quatre heures vouée au patin à roulettes le dimanche. Au Paladium de Longueuil, il n’y avait que du bingo depuis un bon moment et l’immeuble a été vendu pour y construire des condos.
Il y a plusieurs années que le patin à roulettes a connu son apogée, mais pour ceux qui ont continué de le pratiquer durant son déclin, ils seront toujours reconnaissants que M. Gauvin a laissé perdurer le plaisir aussi longtemps.
Jeans et gomme à mâcher interdits
Autre temps, autres mœurs. Pour ses Paladiums, Richard Gauvin avait interdit le port de jeans et la gomme à mâcher dans ses établissements. Cette dernière était indésirable pour la sécurité des patineurs, qui pouvaient trébucher sur des morceaux collés au plancher.
Disant surtout recruter sa clientèle chez les 14 à 29 ans, M. Gauvin voulait mettre l’accent sur l’aspect sécuritaire de son établissement.
«Nous avons éliminé les motards et les parents sont bien contents. De plus, nous n’avons jamais eu une seule bataille!» soulignait-il à La Presse en 1976.