Une des gâteries qui annoncent habituellement le printemps vient d’arriver dans les supermarchés: le crabe des neiges! Mais avec son prix qui vient de bondir de près de 50 % en un an (38$ la livre contre 26$ en 2021), il va pratiquement falloir réhypothéquer sa résidence pour s’en procurer.
Pas étonnant que les détaillants notent que les consommateurs ne se précipitent pas vers les comptoirs de fruits de mer. Mais cette hésitation peut paradoxalement représenter une bonne nouvelle: les consommateurs tentent de s’ajuster à l’augmentation galopante des prix des aliments et réagissent logiquement.
Sur un an, de février à février, l’inflation était en hausse de 5,4% au Québec. Et même en éliminant la poussée des prix de l’essence – qu’on espère temporaire –, la hausse avoisinait 5%. La viande en particulier coûte beaucoup plus cher, en moyenne 11,7% de plus, une augmentation due surtout au bœuf (16,8 %), tandis que le prix du poulet a grimpé de 10,4 %.
Et dommage pour les gens qui voudraient se rabattre sur les céréales, puisque l’invasion de l’Ukraine par la Russie vient de déstabiliser le marché du blé, en particulier, dont ces deux pays sont deux importants producteurs. La Russie est frappée de sanctions pour l’exportation, alors qu’il est présentement difficile de cultiver en Ukraine. La farine deviendra plus dispendieuse et, donc, forcément, le pain aussi.
Apparemment, le portrait n’est pas encourageant. Mais c’est ici qu’on va voir de quel bois se chauffent les consommateurs.
Les agences comme Statistique Canada établissent la hauteur de l’inflation alimentaire à partir d’un panier de denrées prédéterminées. Si le céleri, les pommes et le poulet coûtent x % plus cher ce mois-là, ils contribuent d’autant à la hausse du coût de la vie. Mais voilà, les gens ajustent normalement leurs achats en fonction du prix des biens qu’ils veulent se procurer. Ils vont choisir ce qui est plus avantageux à un moment donné.
Leur comportement n’est pas aussi rigide que le panier d’épicerie dont on vient de parler. Il est plutôt flexible, dans la mesure où il est possible de trouver des options.
Évidemment, si tout coûte plus cher en même temps, ça devient difficile. Il faut donc redoubler d’imagination en attendant que la situation se rétablisse, et que les prix redescendent, tout au moins partiellement…
Il serait étonnant qu’ils demeurent longtemps aussi élevés, sinon ce sont les producteurs eux-mêmes qui vont trouver le temps long, faute de clients.
Pour l’instant, le mot d’ordre devient donc «vive la course aux aubaines!»