L’histoire de la première femme dentiste au Canada racontée

le mercredi 7 septembre 2016

À moins d’être un érudit ou encore avoir étudié dans le domaine, peu savent qu’Emma Gaudreau a été la première femme dentiste au Canada. L’auteure Sylvie Gobeil de Sainte-Catherine met en scène cette pionnière dans son roman historique « De tendres aspirations »

L’écrivaine se fait un devoir de présenter des femmes qui ont marqué leur temps, mais dont l’histoire a occulté, involontairement ou non, leur oeuvre.
«Je voulais trouver un personnage ayant existé, mais qui demeurait dans l’ombre. Une personne, dont lorsqu’on prononce son nom, nul ne sait de qui il s’agit. J’ai fait une recherche sur Google sur les personnages féminins du 19e siècle au Québec. À force de fouiller, je suis arrivée sur son nom», raconte Mme Gobeil.
«Plus je lisais sur elle, plus je savais qu’elle ferait un bon personnage de roman», ajoute-t-elle.
Son livre se veut avant tout une histoire d’amour, celle d’Emma Gaudreau (1861-1934) et d’Henri-Edmond Casgrain (1846-1914), chirurgien-dentiste, inventeur, échevin et premier automobiliste québécois!
«Tous les deux étaient avant-gardiste. À l’époque, le mari était là pour gagner le pain de la famille. C’était un couple de libres-penseurs. Ils se complémentaient. Ils n’ont jamais eu d’enfants», poursuit la romancière.
Détective
Qui dit roman historique, dit recherche. Si l’on peut prendre une certaine liberté avec le récit, les faits, les dates et la mise en scène de personnages secondaires ayant existé doivent être exacts. Sylvie Gobeil compare cette collecte d’informations au travail d’un détective.
«Par exemple, je n’ai jamais pu trouver comment ils s’étaient rencontrés. Ils avaient une quinzaine d’années de différence. J’ai alors procédé par déduction. Emma Gaudreau, originaire de Montmagny, étudiait chez les Ursulines. À cette époque, les élèves ne pouvaient quitter le couvent sauf s’il y avait de la mortalité dans leur famille ou encore pour se rendre chez le médecin ou le dentiste. J’ai cliqué sur le mot dentiste», explique l’écrivaine.
Ainsi, elle a imaginé qu’Emma Gaudreau, accompagnée d’une religieuse, s’est rendue pour la première fois chez Henri-Edmond Casgrain afin de traiter une rage de dents. Cette rencontre marquera le début de leur relation. Une hypothèse plausible.
«C’est comme si je faisais un gros casse-tête, essayant de trouver le morceau manquant pour le mettre en place. La fiction comble les pans qui sont absents», dit-elle.
Discipline et ouvrage à venir
La Sainte-Catherinoise ne croit pas aux moments d’inspiration lorsqu’il s’agit de prendre la plume. Elle écrit et effectue au quotidien ses recherches, sauf les week-ends.
«Il faut se discipliner. Parfois, ça ne me tente pas toujours d’écrire, mais je le fais. Le travail de recherche est tout le temps présent. Il y a toujours quelque chose à vérifier», explique la détentrice d’un baccalauréat en lettres de l’université Laval.
Son prochain roman sera consacré à Marie-Louise Globensky, mère de 13 enfants, dont sept filles. Parmi elles, certaines marqueront l’histoire du Québec, à savoir Marie Lacoste Gérin-Lajoie, la pionnière du mouvement féministe au Québec.
 
Un sixième roman
Sylvie Gobeil s’adonne à l’écriture romanesque depuis 2007. L’auteure a publié six ouvrages:
Le pays au bout du fleuve, 2007
Les tiroirs secrets de Jeanne, 2008
Au gré du vent, 2009
Les Denys de Saint-Simon – Tome I – Une question d’honneur, 2011
Les Denys de Saint-Simon – Tome 2 – Entre doutes et incertitudes, 2014
De tendres aspirations, 2016