Ligne La Prairie – New York d’Hydro-Québec : trois éléments à considérer, selon le BAPE

le vendredi 17 mars 2023

Le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) a publié son rapport d’enquête et de consultation, le 16 mars, duquel ressortent trois recommandations principales pour le projet d’une nouvelle ligne d’interconnexion entre le poste Hertel à La Prairie et New York. 

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Dix questions sur la nouvelle ligne d’Hydro-Québec à La Prairie

Compaction du sol

La protection du territoire agricole faisait partie des enjeux ciblés dans le mandat du BAPE, à la demande du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs Benoît Charrette. 

À ce sujet, la commission conclut entre autres que la compaction du sol – causée par la machinerie et les passages répétées sur les terres –  devrait être réduite tant en surface qu’en profondeur. Des mesures d’atténuation sont suggérées, tel le choix d’une machinerie exerçant peu de pression au sol dans les secteurs à faible capacité portante.

L’adoption de méthodes de travail comme la circulation sur matelas de bois est aussi proposée, chose à laquelle s’engage Hydro-Québec.  

De plus, d’après le BAPE, «Hydro-Québec prioriserait la réalisation des travaux sur sol gelé alors que la capacité portante du sol est accrue», bien que la société d’État ne sera pas en mesure d’effectuer certaines tâches comme l’excavation et le forage durant la saison froide. La restauration des sols serait néanmoins assurée par Hydro-Québec à ses frais et à la satisfaction des propriétaires agricoles. 

Transition énergétique

Le ministère de l’Environnement n’a pas inclus l’enjeu relatif à la transition énergétique, mais la commission d’enquête a analysé cet aspect, puisqu’il a été soulevé par des participants à ses consultations. Étant donné que le gouvernement du Québec a l’intention de prioriser la carboneutralité et de se pencher sur son avenir énergétique, le BAPE considère que la marge d’Hydro-Québec en termes de capacités de production diminue, «alors qu’à l’horizon 2026-2027 de nouveaux approvisionnements seraient nécessaires». 

Face à l’urgence climatique, il est d’avis qu’une planification conciliant ces besoins et les projets d’exportation d’électricité serait souhaitable. 

«Cela permettrait un débat à partir duquel les grandes orientations stratégiques seraient déterminées tout en obtenant un éclairage sur les divers enjeux de développement durable qu’une telle planification soulève», partage-t-il. 

Programme de suivi

Selon le BAPE, un programme de suivi qui permettrait l’évaluation du rendement des terres agricoles après la construction de la ligne électrique devrait être d’une durée de sept ans. Il s’agit également d’une recommandation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). 

«Une telle durée est requise pour assurer un retour aux rendements des terres agricoles qui prévalaient avant les travaux de construction», affirme le BAPE. 

Il note qu’advenant des pertes de rendements agricoles, Hydro-Québec s’engage à mettre en œuvre des travaux correctifs ou à indemniser les propriétaires. 

Aires de travail

Dans la région, selon les plans présentement, des aires de travail temporaires seraient situées à La Prairie, à l’est de la voie ferré du Canadien National (CN) et au sud de la route 104, ainsi que sur des terres agricoles à Saint-Philippe, sur le rang Saint-Claude, près de la voie ferrée du Canadien Pacifique (CP) et à l’intersection de la montée Signer. 

Autres préoccupations

D’autres préoccupations ont été abordées. La commission d’enquête a soulevé que le chantier pourrait entraver la circulation de la machinerie agricole, comme l’a exprimé l’Union des producteurs agricoles (UPA), mais que la société d’État travaille à mettre en œuvres diverses approches pour en limiter les effets. Elle prévoit travailler avec les Municipalités pour planifier les travaux, assurer des communications aux citoyens à proximité de ceux-ci, tenir compte de la saison agricole et mandater une entreprise spécialisée pour gérer la circulation. 

Au sujet des appréhensions face à la chaleur émise par la ligne électrique, le rapport mentionne qu’elle «n’entraînerait qu’une faible élévation de la température du sol autour des ponceaux qui devront être contournés […] Elle ne devrait pas influer suffisamment sur le cycle de gel-dégel» pour représenter un risque d’inondation des terres agricoles. 

Les tensions parasites ont aussi été nommées. Il s’agit d’une différence de tension enregistrée entre deux points susceptibles d’être touchés par un animal. Néanmoins, le BAPE a évalué, selon l’avis des experts d’Hydro-Québec et du ministère de l’Agriculture, que la ligne ne pourrait être la source de tensions parasites pour les fermes situées le long de son tracé. Ce, puisqu’elle ne pourrait créer d’induction et ne serait reliée à aucune ligne de distribution.