Aptitude à lire : du bon comme du mauvais en Montérégie

le mercredi 3 novembre 2021

La Fondation pour l’alphabétisation a dévoilé le 14 octobre un portait régionalisé des enjeux de littératie au Québec. Sur les 12 MRC évaluées en Montérégie, seules 5 présentent un taux de littératie optimal.

L’étude La littératie au Québec : un regard local sur les enjeux a été réalisée par l’économiste Pierre Langlois. Celui-ci a jumelé les plus récents résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) aux données du dernier recensement canadien, notamment le profil scolaire, afin de brosser un portrait de la situation.

Ainsi, en Montérégie, moins de la moitié des MRC étudiées présentent un taux optimal. Ce taux se situe à moins de 54% de la population qui n’atteindrait pas le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes.

Parmi celles avec les meilleurs résultats, notons l’agglomération de Longueuil, la MRC de Roussillon et la MRC de Vaudreuil-Soulanges. Celles-ci sont classées au niveau vert.

Les sept autres MRC sont réparties dans trois niveaux différents, soit deux au niveau jaune, trois au niveau orange et deux au niveau rouge.

Par exemple, la MRC de Beauharnois-Salaberry est dans le niveau orange, soit entre 58 et 60% de sa population qui n’atteindrait pas le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes.

Les MRC d’Acton et des Jardins-de-Napierville sont les seules au-delà de 60%.

Constats

Selon l’auteur de l’étude, plusieurs facteurs expliquent les résultats différents entre les territoires.

«Le niveau de littératie au Québec s’explique par la scolarité, la démographie, les conditions socioéconomiques et le tissu économique des localités, affirme Pierre Langlois. Ainsi, les MRC du territoire québécois affichent des résultats qui varient selon ces différents indicateurs.»

Il indique d’ailleurs que les grandes villes font mieux que la moyenne québécoise, mais que les secteurs défavorisés de ces grandes villes ont des résultats plus faibles.

L’économiste souligne en outre que les MRC de couronnes ou de banlieues, qui ont souvent une population plus jeune, ont des résultats essentiellement alignés ou légèrement inférieurs à la moyenne québécoise, tandis que les MRC des régions plus éloignées affichent des résultats plus défavorables.

Les MRC affichant des résultats plus faibles présentent des caractéristiques souvent similaires, note l’auteur : une forte proportion de répondants sans diplôme; une forte proportion de répondants avec un diplôme d’études professionnelles; et un phénomène de vieillissement de la population.

Elles ont également des caractéristiques économiques et industrielles particulières comme un fort secteur agricole ou une présence importante d’un secteur manufacturier et d’industries liées aux ressources naturelles comme la foresterie, le papier ou les mines.

«Cette étude nous offre un regard plus local que jamais sur la littératie au Québec, identifie plus précisément les enjeux en cause et aidera ainsi, je l’espère, nos décideurs locaux et nationaux à développer des solutions plus adaptées à la situation de chaque région», soutient le président de la Fondation pour l’alphabétisation André Huberdeau.

Pistes de solutions

Pierre Langlois propose sept pistes de réflexion pour améliorer les compétences en littératie à travers le Québec.

1. Identifier les grands employeurs dans les MRC présentant des résultats plus faibles et ouvrir une discussion sur la littératie.

2. Définir des mesures de soutien en littératie dans les milieux agricole, de la foresterie et de la transformation.

3. Établir un contrat social entre le milieu manufacturier et les écoles professionnelles afin d’assurer une diplomation complète.

4. Adopter une approche hyperlocale et communautaire en littératie pour les grandes villes.

5. Soutenir l’apprentissage de la littératie chez les aînés, particulièrement en région.

6. Comprendre les limites de la couverture régionale des cégeps et des autres actifs de diffusion culturelle.

7. Comprendre les enjeux de littératie et de décrochage scolaire dans les communautés autochtones.