Un manque de vision

le lundi 25 octobre 2021

Qu’est-ce qui cloche?  

J’étais vraiment contente pour elle. Mon p’tit  chat (ma nièce) avait décidé de retourner sur les bancs d’école. Voilà qu’elle s’était inscrite à une formation collégiale pour devenir éducatrice en garderie. Permettez-moi une parenthèse ici pour saluer celles qui se consacrent à ce travail exigeant. Qui nécessite un don de soi et une patience sans bornes. Je dis bien celles au féminin parce que c’est une profession typiquement féminine. Qui n’est pas reconnue à sa juste valeur – lire ici à un juste salaire -. Justement parce qu’elle est exercée par la gent féminine.

Élever un enfant n’est pas de tout repos. Pas que j’en aie l’expérience, mais je connais suffisamment de parents pour avoir entendu la chanson. Et que j’ai gardé souvent pendant mon adolescence.

Je lève mon chapeau à celles qui prennent soin de plusieurs à la fois quotidiennement. Qui passent leurs journées à répéter les consignes. À faire de la discipline pour éviter le chaos dans leur local. À gérer les différents tempéraments, les cris et les larmes, pour assurer une harmonie dans le groupe.

Je lève donc mon chapeau à ma sœur Lucie. Qui prend soin d’enfants depuis presque 30 ans. Sans pratiquement avoir la satisfaction de les voir grandir. Parce qu’elle recommence chaque année avec le même groupe d’âge.

Mais revenons à mon p’tit chat. Qui a attendu tout l’été avec impatience   qu’on lui dise s’il y avait assez d’élèves pour enseigner le cours. Or, c’est le contraire qui s’est produit. Elles étaient 40 intéressées. L’école n’en prenait que 25. Pour une question de prof ou de local, j’imagine. À deux jours du début de l’école, on lui a dit qu’elle n’était pas retenue. Je vous laisse imaginer sa déception.

La mienne n’est pas seulement en tant que tante, mais plus à titre de citoyenne. Parce que la pénurie de main-d’œuvre est aussi documentée dans ce domaine. Qu’environ 50 000 enfants sont sur la liste d’attente pour une place au Québec; ce qui veut dire que des parents ne peuvent travailler pour cette raison. D’autres doivent manquer quand il y a rupture de service.

Pendant ce temps, les garderies sont forcées d’employer du personnel non qualifié. Comme ma nièce. Trouvez l’erreur!

Malgré tout, personne n’a prévu une classe ou un prof supplémentaire pour former la relève. Voilà pourquoi on s’en va dans le mur.

«Les seules limites sont, comme toujours, celles de la vision.»

-James Broughton