Il y a environ un mois, j’ai été avisé par des codétenus de Maurice «Mom» Boucher au pénitencier Archambault, à Sainte-Anne-des-Plaines, que ce dernier avait été transféré à l’infirmerie. Il aurait refusé tout traitement pour son cancer de la gorge. Il en est décédé le 10 juillet à l’âge de 69 ans.
Je l’ai d’abord connu à l’époque où il était membre du groupe de motards les SS à Montréal. Par la suite, il a pris du gallon dans ce milieu et est devenu le chef des Nomads, un chapitre québécois des Hells Angels. À mon avis, c’est à ce moment qu’il a perdu le contrôle, alors qu’il s’est montré très entêté.
J’aimerais rétablir les faits concernant ma relation avec Maurice Boucher. Il n’a jamais été mon ami. Il a plutôt été un de mes contacts importants pour pénétrer le milieu des motards criminalisés. J’ai fait des démarches pour me rapprocher de lui alors que j’étais journaliste à la télé, à la radio et dans la presse écrite. Je voulais connaître leur fonctionnement depuis l’intérieur.
Si j’ai eu l’occasion en 2000 d’assister au mariage de René «Balloune» Charlebois et à la trêve entre les Hells Angels et les Rock Machines au restaurant Blue Marine à Montréal, c’est grâce aux contacts que j’avais établis auprès de l’entourage de «Mom» Boucher.
Je n’ai jamais eu de pressions de la part des motards criminalisés pour faire passer des messages, contrairement à ce que des collègues ont sous-entendu. Je ne faisais pas de publicité pour les Hells Angels; je rapportais les faits. La police nous donnait sa version, mais elle voulait bien nous donner ce qu’elle voulait! C’est la raison pour laquelle je m’en suis rapproché. Certaines personnes ont joué les vierges offensées, mais elles nous contactaient quand même, chez Allô Police, pour obtenir les photos exclusives que nous détenions.
J’ai toujours dit que les gens qui vivent avec des armes et de la drogue ne se rendent pas loin. Dans la rue, le nom de Maurice Boucher ne veut plus rien dire depuis 2014, année où les Hells Angels l’ont évincé de leur giron alors qu’il était en prison. Puis, jusqu’à la toute dernière minute, il s’est entêté à ne pas recevoir de soins pour son cancer à la gorge. Des codétenus m’ont dit qu’il avait souffert le martyre. Mais, tête de cochon qu’il a toujours été, ne voulant pas recevoir d’aide pour préserver l’aura de leader qu’il croyait encore détenir, il est décédé et a ainsi récolté ce qu’il a semé.
10-4!
(Propos recueillis par Gravité Média)