Michel Fugain raconte sur scène la genèse de ses chansons

le lundi 24 décembre 2018

Avec sa causerie musicale, Michel Fugain ouvre tout grand au public la porte sur le métier de chanteur et de compositeur, sur les dessous d’une chanson, sur ce qui l’a façonnée et mise au monde. Il donne accès à une foule de réflexions, anecdotes et explications sur l’origine de ses chansons, le tout, mené par un grand amour des textes.
Cette idée de présenter des causeries musicales lui est née d’un constat, après avoir présenté des classes de maîtres où il expliquait comment sont faites les chansons, comment il compose la musique avant que ne viennent les paroles, etc.
«Je me disais: c’est fou que le public ne voit pas ça, qu’il ne touche pas à ça, raconte Michel Fugain, pour expliquer la genèse de sa causerie musicale. C’est un métier que les gens ne connaissent pas. Ils ne connaissent que la fin.»
Sur scène, on ne retrouve pas le chanteur, mais bien le «mec qui fait des chansons».
Fugain enfile une tournée de 95 dates, tant en France et en Belgique qu’au Québec. Et le succès est au rendez-vous.
«Les gens ne veulent pas quitter la salle, c’est le problème, relate-t-il. Les gens adorent. À un moment, ils ne sont plus au spectacle. C’est ce qu’ils me disent souvent, ils ont l’impression d’être chez moi ou chez eux.»
«Il n’y a pas deux soirs identiques. Ce n’est pas un truc qu’on apprend par cœur, poursuit-il. Ça doit être spontané, c’est obligatoire! Sinon, tout le monde s’emmerde!»
En avant les textes
Michel Fugain fait la part belle au travail de Pierre Delanoë, Maurice Vidalin, Claude Lemesle et Brice Homs, en racontant et en chantant leurs plus grandes œuvres.
«La causerie, c’est aussi et surtout ça: un hommage à quatre auteurs, résume-t-il. En leur rendant hommage, je dis comment ç’a été fait… et les gags qui vont avec! Car les personnages ont une identité tellement forte. Et c’est parce qu’ils sont des personnages particuliers que leur création est si particulière et si forte. Parler de chansons, c’est parler des hommes qui les ont faites.»
Le fondateur du Big Bazar s’émeut encore que des chansons écrites il y a plus de 40 ans soient toujours aussi fortes et trouvent encore écho aujourd’hui.
Et le compositeur se réjouit, à chaque représentation, de se retrouver devant un public attentif aux textes, ce qui se fait de plus en plus rare, est-il d’avis.
«Les gens de notre métier et ceux qui s’intéressent à ça savent que les gens n’écoutent pas les textes. C’est un truc qui a disparu, comme s’ils étaient habitués à ce que les textes soient tous de la merde! Et c’est dommage, tranche-t-il. D’un coup, ils écoutent les textes pendant deux heures et ça change tout. Combien de fois ils sont sortis en se disant: “Putain, j’avais oublié que ça disait ça!”»
Celui qui cumule 52 ans de métier est toujours habité par la même passion et n’est pas prêt pour la retraite, quoi qu’en ait dit certains médias. Le principal intéressé émet l’hypothèse que son album Bravo et merci paru en 2007 ait été perçu comme «le gars qui s’arrête», alors qu’il n’en est rien.
Cet album, «c’était bravo et merci aux artistes. Il faut que les peuples disent merci à leurs artistes. Vous nous avez fait rêver, vous nous avez fait tenir debout. C’est qui, les animateurs d’une société? Vous croyez que ce sont les hommes politiques? Pas du tout, c’est la vie culturelle! Les créateurs, les mecs qui écrivent, les mecs qui peignent, qui chantent, qui font de la musique. Alors bravo à ceux et celles qui ont fait ce métier pour un peuple, dont j’ai fait partie. Ils nous laissent des chansons d’une richesse incroyable.»
Voilà, c’est dit.