Mise à jour

le mercredi 29 juin 2016

Voici le billet du 29 juin 2016 d’Hélène Gingras.

Est-ce que vos affaires sont en ordre?

Ça fait des mois que j’y pense. Que je me dis que je dois passer à l’action. Établir la liste de mes actifs. Mettre mes affaires en ordre. Rédiger mon testament. 

Je me promets de me donner un deadline. Autrement, je vais continuer de repousser cette tâche aux calendes grecques. Parce que j’ai toujours mieux à faire. Notamment avec mon argent.

Je suis loin de me sentir mourir. Mais la vie, ces derniers temps, n’arrête pas de me faire des rappels que je ne suis pas éternelle. Que personne ne l’est. Que nos univers peuvent basculer du jour au lendemain. Il faut que j’y vois pendant que je suis lucide. En forme. En possession de mes moyens.

On n’aura pas tous la chance d’avoir des cheveux blancs. Jean-François est mort à mobylette avant d’avoir atteint l’âge de 30 ans. Bruno ne fêtera jamais son 50e anniversaire. Il n’accompagnera pas non plus ses enfants à leur bal des finissants. Deux personnes avec qui je suis allée à l’école. Deux parmi tant d’autres qui ne sont plus de ce monde. 

Je pense aussi à Manon, si pleine de vie, que le cancer a frappé deux fois plutôt qu’une. Ne lui laissant aucune chance la seconde fois. Morte dans la fleur de l’âge.

À ces histoires s’ajoutent celle que j’entends ces derniers mois. Je ne compte plus les mères de personnes que je connais qui traversent des heures difficiles. Dont la vie a pris un tournant dramatique insoupçonné. Qui sont en phase terminale. Ou qui luttent de toutes leurs forces contre l’adversité.

Aux prises avec une pneumonie qui se soignait mal, Raymonde s’est retrouvée à l’hôpital. Pour se faire diagnostiquer un cancer. Sans aucun signe avant-coureur. Un cancer foudroyant. Qui a eu raison d’elle en moins de temps qu’une saison. Semant une importante onde de consternation autour d’elle et des siens. Laissant ses proches avec une peine incommensurable. Anéantis. Avec un vide impossible à combler. J’y pense chaque jour.

Je ne souhaite jamais être confrontée à un médecin qui me demandera si mes affaires sont en ordre, comme quelqu’un me l’a raconté. Parce que mes jours sont comptés. Faire mon testament, c’est seulement parer à une éventualité. Je n’ai aucun autre contrôle sur la vie.