Un Mohawk quitte l’hôpital avec la dépouille de son père

le jeudi 15 février 2018

Un Mohawk traditionaliste est reparti de l’hôpital Anna-Laberge de Châteauguay avec la dépouille de son père, le mardi 13 février, pour respecter les rites funéraires autochtones. Le centre hospitalier se dit ouvert à accommoder la communauté de Kahnawake, mais doit voir comment elle peut le faire tout en respectant la loi.
Le père de Stuart Myiow est décédé chez lui en matinée le 13 février. M. Myiow raconte dans une vidéo sur les médias sociaux qu’après la mort de son père, ce dernier a été transporté par une ambulance de Kahnawake vers l’hôpital Anna-Laberge pour que son décès soit constaté par un médecin.
Stuart Myiow, qui représente le clan des loups dans le conseil traditionnel mohawk, tenait à ce que son père soit enterré le jour de son décès avant le coucher du soleil pour respecter la tradition autochtone.
«La bureaucratie d’Anna-Laberge nous dit que si on le fait entrer (dans l’hôpital) pour la déclaration de décès, ils ne pourront pas le libérer, explique-t-il dans une vidéo filmée dans le garage des ambulances de l’hôpital. La seule façon de le libérer est qu’une maison funéraire vienne le chercher.»
Stuart Myiow refuse que son père soit embaumé, car dit-il, il ne veut pas que des fluides «poisons» polluent la terre.
«Un Mohawk, à cause de la bureaucratie, ne peut, être enterré selon nos propres lois», déplore-t-il.
Des règles à respecter
La porte-parole de l’hôpital Anna-Laberge Jade St-Jean a confirmé au réseau TVA que l’établissement était obligé de remettre le corps à une entreprise funéraire accréditée. C’est la première fois qu’une demande du genre était formulée.
Mme St-Jean précise à la suite de la demande de ce résident de Kahnawake, des employés d’Anna-Laberge ont entrepris des démarches «pour voir s’il y avait une façon de faire, une procédure qui nous aurait permis légalement d’accommoder cette famille-là». C’est à ce moment que l’homme a réussi à quitter les lieux avec le corps de son père.
M. Myiow raconte que son père a été enterré avant le coucher de soleil, comme il le désirait.
Mieux comprendre la culture autochtone
À la suite de cet incident, Mme St-Jean indique que l’hôpital est entré en contact avec une personne-ressource à Kahnawake pour mieux comprendre la tradition autochtone.
«On veut comprendre quels sont leurs rites et volontés. Nous sommes ouverts à les accommoder, mais on doit pouvoir le faire dans un cadre légal», explique-t-elle dans une entrevue accordée au Soleil de Châteauguay.
Le Centre de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest travaille présentement sur sa politique de gestion des corps. Mme St-Jean mentionne qu’une procédure «plus standardisée» en lien avec les rites autochtones pourrait y être ajoutée.
Une enquête est ouverte
Le Centre de santé et de services sociaux de la Montérégie Ouest a contacté la police de Châteauguay à la suite de cet événement. Le sergent responsable des relations médias à la police de Châteauguay Jean-Philippe Hurteau confirme qu’une enquête est en cours dans ce dossier, mais aucune arrestation n’a eu lieu jusqu’à maintenant. Il précise que la police de Châteauguay travaille de concert avec les procureurs au palais de justice de Valleyfield et les Peacekeepers de Kahnawake.