Mois de l’histoire des Noirs: « Je veux qu’on connaisse l’histoire de David »

le vendredi 25 février 2022

Seize ans après le décès du soldat David de Moors, le Longueuillois Joseph Lanthier tient à profiter du Mois de l’histoire des Noirs qui se termine pour nous rappeler le sacrifice de celui qu’il a toujours considéré comme un fils.

C’est en lisant l’article du Courrier du Sud sur la résolution du conseil municipal de Longueuil à propos du Mois de l’histoire des Noirs que Joseph Lanthier a eu l’idée d’écrire au Journal pour parler de celui qui occupe toujours une place importante dans son cœur.

«Je me suis dit en lisant ça: « Je n’ai pas envie de demeurer silencieux. Je veux que les gens connaissent l’histoire de mon fils! « »

Ce fils en question est David de Moors, décédé en Irak, dans un accident d’hélicoptère ayant fait 12 morts en janvier 2006. Le tout, au cours d’une guerre à propos de laquelle persiste encore beaucoup de questions de nos jours.

Mais malgré le risque, contribuer à l’effort d’une guerre survenue dans la foulée des attentats du 11 septembre était un appel que ne pouvait ignorer le jeune homme, qui était déjà père de trois enfants.

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David de Moors (Photo Gracieuseté)

Un caractère doux

Pour Joseph Lanthier, qui a épousé la mère du futur soldat et pris sous son aile le garçon alors qu’il n’avait que 12 ans, le souvenir de David est toujours aussi présent dans sa mémoire. Tout comme le moment où des soldats sont venus leur annoncer, à sa femme et lui, la triste nouvelle.

«Je n’étais pas parfait comme père, admet le Longueuillois. J’avais déjà des enfants, mais j’ai toujours eu beaucoup d’amour pour David.»

L’homme de 70 ans se souvient d’un garçon qu’il a dû apprivoiser et qui avait un certain tempérament, mais qui se définissait surtout par son caractère doux.

«Il faisait beaucoup de sport, se souvient M. Lanthier. Et au niveau des études, c’était une «bolle» comme on dit. Je ne l’ai pas souvent vu ouvrir ses livres!»

Quelques années avant le début de la guerre en Irak, il y avait un bon moment qu’une famille québécoise n’avait pas perdu un fils au front, comme ce fut le cas pour les de Moors-Lanthier. Depuis, d’autres noms se sont ajoutés à cette liste noire, en particulier durant le long conflit qui a récemment déchiré l’Afghanistan.

«Quand les deux soldats de l’armée américaine en uniforme sont venus nous voir, c’était quelque chose, raconte Joseph Lanthier. C’est comme on voit dans les films. Nous avons été les premiers parents canadiens depuis la Guerre de Corée à perdre un enfant au front.»

Fier grand-papar
Aujourd’hui, Joseph demeure en contact avec les trois enfants de David et leur mère, Vandella, qui habitent en Georgie. Le couple avait également eu un quatrième bébé, Gabriel, qui est mort au berceau alors qu’il était âgé de quelques mois à peine.

Le dernier souhait de David fut d’ailleurs que son fils, dont la dépouille se trouvait à Salt Lake City, soit enterré avec lui au Fort Mitchell National Cemetery, en Alabama.

«J’appelle mes petits-enfants à leur fête chaque année, nous dit Joseph Lanthier. J’ai parlé avec Demetrius d’ailleurs la semaine dernière. Il est lui aussi militaire dans l’armée américaine et il est stationné au Missouri. J’ai une très belle relation avec eux, même si on se voit moins parce qu’ils sont loin. Ils sont dans mon cœur. Je suis fier qu’ils fassent partie de ma famille.»

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(Photo: Gracieuseté)