Mort seul dans son appartement

le mardi 17 mai 2016

Le 15 novembre 2015, le corps d’un homme souffrant de troubles de santé mentale a été découvert à La Prairie. C’est le propriétaire s’inquiétant de ne plus avoir de nouvelles de son locataire qui a communiqué avec les policiers. Le décès, dû à des problèmes cardiaques, remontait à quelques semaines.

Connu des organismes du milieu et publics, celui-ci que nous prénommerons Marc, 48 ans, était seul.

Rien n’aurait sans doute pu empêcher ce malaise fatal. Cependant, on peut penser que sa mort aurait été signalée plus rapidement s’il avait bénéficié d’un réseau social et d’une famille.

«À partir du moment qu’une personne est référée par nos services, quelqu’un est attitré à son dossier. C’était le cas pour ce monsieur de La Prairie qui était connu de nous. Des rendez-vous sont pris par des professionnels concernés et on fait les rappels», mentionne Pierre Guay, directeur des programmes en santé mentale et dépendance au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO).

Sans commenter ce cas en détail pour des questions de confidentialité, M. Guay indique que tous les traitements, soins et autres interventions sont offerts sur une base volontaire. Le choix revient toujours à la personne d’accepter ou non ce qu’on lui propose.

«Du moment que les gens veulent recevoir les services, on s’assure qu’ils les ont et qu’ils sont suivis. Par contre, si la personne décide de ne plus recevoir les services de notre part, nous avons une limite dans la capacité d’aller la chercher», ajoute M. Guay.

La seule exception est lorsque cette dernière représente un danger pour elle-même ou les autres. On parle alors de garde en établissement. Les articles 26 à 30 du Code civil du Québec encadrent cette pratique.

De plus en plus seul

Connie Bleau, directrice générale de l’Avant-garde en santé mentale, connaissait bien Marc.

«Il est arrivé il y a environ trois ans. C’était une personne excentrique, qui avait des idées de grandeur et était excessivement intelligente. Il n’avait pas d’idées suicidaires. Il pouvait être très sarcastique. Socialement, les gens ne l’enduraient pas et il en était épouvantablement malheureux», se rappelle-t-elle.

Groupe d’entraide établi à La Prairie, l’Avant-garde se veut un endroit où on peut se présenter sans rendez-vous.

«Les personnes peuvent venir à leur guise durant la journée. On appelle ça dans notre langage « faire de la gestion » au quotidien. C’était le cas avec ce monsieur qui était avec nous», poursuit-elle.

L’organisme favorise la création de liens entre les personnes ayant besoin de soutien. Lorsque Marc a commencé à espacer ses visites à l’Avant-garde des personnes fréquentant l’organisme sont venus s’enquérir de son état.

«Les gens sont allé voir chez lui si tout allait bien. Il s’est isolé et est devenu de plus en plus instable. On savait qu’il n’allait pas bien et on continuait de le surveiller», poursuit-elle.

Cellule de crise ?

Parce qu’il ne représentait pas un danger pour lui ni pour les autres et qu’il était dépourvu d’idées suicidaires, Marc s’est retrouvé entre deux chaises en terme de soutien.

«On aurait voulu pour lui une intervention préventive, car il était désorganisé. Quand une personne est suicidaire, on appelle directement la police, on débarque chez la personne, on réagit immédiatement, mais ce n’était pas son cas», déclare Connie Bleau.

Citant la Finlande comme exemple, elle souhaite vivement la mise sur pied de cellules de crise dans lesquelles on retrouverait divers intervenants (psychologues, psychiatres, travailleurs sociaux, etc.).

«Si j’avais eu accès à des intervenants, j’aurai pu leur dire « Regardez ce gars, il ne va pas bien ». Je ne peux pas juste aller cogner à sa porte et lui dire: « Viens à l’Avant-garde. On va t’aider», déplore Mme Bleau.

 

Santé mentale : deux cas récents que les policiers ont traités

Le Journal a voulu s’entretenir avec la Régie intermunicipale de police Roussillon afin de discuter des cas relevant de troubles mentaux. Au lieu de cela, elle a obtenu uniquement les chiffres demandés pour 2014-2015 sur le nombre et les types d’intervention.

Néanmoins pourtant, les cas où les policiers interviennent auprès de personnes en crise défraient régulièrement les manchettes.

Vers la fin d’avril, les agents ont appréhendé une femme de 56 ans qui conduisait de manière erratique dans les rues de Saint-Constant. Les policiers ont été contraints d’immobiliser de force son véhicule. On devait apprendre par la suite que la conductrice souffrait de problèmes de schizophrénie. Il n’y a pas eu de blessés, même si la poursuite policière s’est effectuée sur une distance de six kilomètres et dans un stationnement commercial.

Malheureusement, d’autres événements tournent au drame. C’est ce qui s’est produit le 27 décembre 2015 à Saint-Constant où un adolescent schizophrène de 17 ans avait poignardé son père au thorax à plusieurs reprises. Lorsque les policiers sont arrivés, le jeune se serait montré menaçant envers les agents qui ont fait feu. Atteint d’une balle, il est décédé.

Statistiques locales en 2015

10 : morts par suicide.

95 : tentative de suicide.

176 : nombre d’interventions auprès de personnes en crise.

(Source: Régie intermunicipale de police Roussillon)

 

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