Motocycliste happé à mort : quatre ans de pénitencier pour le chauffard

le mercredi 19 juin 2024 - Modifié à 16 h 46 min le mercredi 26 juin 2024

Christian Patrick Dauphinais a quitté le palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield cet avant-midi avec les menottes aux poignets. Il a reçu une sentence de quatre ans pour avoir conduit avec les facultés affaiblies le 30 mars 2021. Il a provoqué un accident à Châteauguay qui a entraîné la mort de Frédéric Cardinal, un homme de famille dont la présence manque toujours à ses proches plus de trois ans après le drame.

«Je suis convaincu que si vous pouviez revenir en arrière, vous le feriez, a d’abord prononcé l’Honorable juge Magali Lepage. Mais la réalité est que vous avez fait un choix aux conséquences dramatiques. Vous avez affligé une famille pour le reste d’une vie.»

Au moment d’entériner la suggestion commune, elle a souhaité à M. Dauphinais de poursuivre sa réflexion sur le geste dont il est responsable survenu en mars 2021 sur le boulevard René-Lévesque à Châteauguay.

Outre la peine de prison, une interdiction de conduire pour une période de cinq ans et une ordonnance de ne pas entrer en contact avec les proches de la victime lui ont été commandées.

Rappel des faits

Le 30 mars 2021, le motocycliste Frédéric Cardinal, originaire de Saint-Constant, a été happé par la voiture conduite par Christian Patrick Dauphinais. M. Cardinal, 39 ans, est décédé deux jours plus tard de ses blessures. 

Au terme du processus judiciaire, il a été démontré que l’accusé avait pris le volant après avoir consommé assez pour que l’éthylotest affiche un taux d’alcoolémie 2,5 fois supérieur à la limite permise. 

Sa culpabilité a été reconnue le 17 mai dernier. 

Un message clair

À la sortie de l’audience, la procureure Me Mylène Brown a mentionné que la sentence répondait au fléau de la conduite avec les facultés affaiblies. 

«Le message que ça envoie, je pense, est celui de réfléchir à deux fois, de se poser la bonne question quand on a pris un verre, a-t-elle affirmé. Est-ce qu’on est en état ? On est le pire juge de nous-même, donc ne prenons jamais de chance.»

La procureure a ajouté que le processus judiciaire a envoyé le message de dénoncer ces gestes. «On doit dissuader les gens de conduire avec les facultés affaiblies parce que les conséquences sont tragiques et épouvantables.»

L’avocat de la défense, Me Marc W. Giroux, a lui-même dénoncé l’alcool au volant. «Ce crime-là démontre que la société est obsédée par l’alcool, a-t-il dit. Toutes les raisons sont bonnes pour consommer. Cette prémisse-là est inappropriée. Si la société valorisait moins l’alcool, peut-être qu’il y aurait moins de crime comme ça.»

Une mosaïque de témoignages

La juge Lepage a qualifié de touchants les témoignages qui ont été entendus en salle de cour. La sœur, les parents, un ami et la conjointe de la victime se sont exprimés sur la douleur subie depuis la perte de Frédéric Cardinal. Il a été qualifiée d’homme bon avec de bonnes valeurs familiales et un sens aigu de la sécurité et de ses responsabilités. 

«Mes enfants et moi sommes et seront affectés toute notre vie, a exprimé Marie-Christine Babin, qui a été la conjointe de la victime pendant près de 15 ans. Nous sommes à jamais blessés, détruits. Nous sommes dans un cauchemar depuis trois ans et demi.»

La juge, visiblement reconnaissante de ce témoignage, a invité Mme Babin à prendre soin d’elle.

À la famille qui s’est exprimée, elle a concédé qu’ : «aucune sentence ne serait assez pour refléter votre douleur. Mais je souhaite qu’elle soit un jalon de plus pour faire progresser votre deuil».

L’accusé s’est aussi adressé à la cour. En larmes, il a témoigné ses plus sincères excuses. «C’est très dur, j’imagine pour eux, a-t-il avoué. Ça doit être pénible. Ce soir-là [30 mars 2021], je regrette d’avoir pris le véhicule. J’aurais pu appeler un ami ou prendre un taxi. C’était irréfléchi et spontané. Ce n’est pas dans mes habitudes. Il n’y a rien que je pourrais dire qui pourra apaiser leurs souffrances.»