Opéré aux yeux à Cuba pour éviter d’être aveugle

le vendredi 11 mars 2016

François Thibert est passé par toute la gamme des émotions lors de son traitement à Cuba afin de stopper la progression de la rétinite pigmentaire dont il est atteint. Un traitement de la dernière chance avant que la maladie qui s’attaque à ses yeux ne le plonge à jamais dans le noir.

«J’ai l’impression de voir plus clair, pas nécessairement plus large, mais je peux dire que c’est moins sombre que ça l’était. La vision de mon œil droit est demeurée la même, mais celle de mon œil gauche s’est améliorée. Avant l’opération, j’avais 16/20 et maintenant j’ai 20/20. Mon acuité visuelle a donc augmenté», explique le père de quatre enfants qui ne possède que deux pour cent de vision.

Le résidant de Saint-Constant a séjourné du 15 février au 7 mars au Centre international de rétinite pigmentaire Camilo Cienfuego à La Havane. L’intervention ne consistait pas à le guérir de la rétinite, puisqu’il n’existe aucune cure. Celle-ci est controversée dans la mesure où ce type de chirurgie n’est offert nulle part ailleurs. La Société canadienne d’ophtalmologie et l’Association des médecins ophtalmologistes du Québec déconseillent aux personnes de s’y rendre.  

Voyage dans le temps

Accompagné de sa conjointe, François Thibert a eu l’impression d’effectuer un voyage dans le temps en pénétrant dans la clinique.

«C’est comme si tu faisais un retour 100 ans en arrière. Tous les appareils qu’ils ont pour la vision sont vieux, mais ils sont avancés par rapport à nous concernant le traitement de la rétinite», poursuit l’homme de 37 ans.

Pendant la première semaine, il a suivi 14 sessions de traitements d’ozonothérapie et d’électrostimulation avant la chirurgie.

Panique et angoisse

Le 23 février à 9h, François Thibert s’est retrouvé sur la table d’opération épuisé moralement. La veille, en raison du stress et de l’éloignement de ses parents et enfants, il n’avait pu retenir ses larmes malgré le réconfort de sa conjointe.

«J’aurai aimé vivre cette opération chez nous, au Québec», lance-t-il.  

Les choses se sont gâtées à son réveil. Non d’un point de vue médical, puisque l’opération a été un succès, selon le médecin. S’attendant à avoir les yeux couverts d’un unique pansement, celui-ci ignorait que ses paupières, pour des raisons de cicatrisation, seraient collées à ses yeux pour une période de 24h.  Alors qu’il s’attendait à se réveiller en percevant un mince filet de lumière à travers le bandage, il s’est retrouvé plongé dans le noir. La crainte d’être définitivement aveugle lui a traversé alors son esprit.

«L’opération a duré une heure et demie. On m’a transféré dans ma chambre à 15h30. À 15h35 c’était la panique!  My God!. C’était le black-out total. C’était réellement freakant. Le cœur me débattait sans bon sens. J’étais à genoux dans mon lit et je voulais arracher le pansement. Je les ai suppliés de m’endormir pour ne pas vivre ça. Je n’étais pas capable», relate-t-il.

Craignant qu’il ne fasse un arrêt cardiaque en raison de son état, le personnel lui a administré des calmants.

«Il n’y avait pas moyen de m’endormir, j’étais trop stressé», dit celui qui a fini par être emporté par le sommeil après quelques heures.

Une fois le bandage enlevé et les paupières décollées à l’aide d’eau tiède et saline, François Thibert a pu afin apercevoir la lumière.

«Je me suis mis à pleurer. Ma copine était devant moi. Je lui ai dit qu’elle était toujours aussi belle qu’avant», mentionne-t-il.

Une fois l’an

De nouveaux séjours annuels à Cuba sont à prévoir pour François Thibert, et ce, sans doute pour le reste de sa vie.

«Je dois suivre régulièrement les traitements d’ozonothérapie et d’électrostimulation. Grâce à la générosité des gens, j’ai les moyens d’y retourner trois fois. Ma campagne d’autofinancement [sur le site GoFundMe], a rapporté 39 000$. Je laisse le site ouvert, même si je ne sollicite plus personne. Il faudra trouver un moyen pour avoir de l’argent pour les prochains traitements», indique celui qui a été déclaré invalide à 30 ans.

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