Opinion – Carambolage monstre à La Prairie : le MTQ fait-il erreur ?

le mercredi 13 juillet 2022
Par redactionrf@gravitemedia.com Voir les autres articles

En réponse au danger majeur et prévisible que présente une autoroute construite en bordure du bassin de La Prairie, le ministère des Transports du Québec se prépare à re-strier le béton. Cette solution n’aborde pas le véritable enjeu connu et décrit dans tous les articles de l’époque: le manque de visibilité dû à la neige soulevée par le vent sur l’immense bassin. Si on pense vraiment à la sécurité après deux décès et 150 voitures accidentées, voilà ce qu’il faut résoudre!

Dans les années 60, le MTQ a créé l’autoroute 15-132 en bordure du bassin en rejetant les débris du creusage de la nouvelle Voie maritime directement dans le fleuve au lieu de les convoyer ailleurs. Il réduisait ainsi les coûts de transport et d’expropriation. Cette manœuvre a privé, du jour au lendemain, la population d’un lien de 400 ans avec son fleuve pour y intercaler une autoroute asphaltée balayée par le vent.

Avec l’accroissement de la circulation, le bruit pour les riverains est devenu intolérable; déjà en 2002, plus de 150 résidents se plaignaient du bruit insupportable. En 2004, le MTQ décidait d’accentuer le niveau de bruit en remplaçant localement l’asphalte par du béton moins adhérent et plus bruyant malgré une nouvelle pétition de 200 résidents.

J’ai fait partie d’un comité tripartite « Citoyens-Municipalité-MTQ » de 2005 à 2014; j’ai assisté à des batailles d’experts sur les niveaux de bruit qui ont perduré, alors même que le MTQ admettait en 2013 un niveau de bruit dépassant pas la norme de 55 dB avec certaines zones atteignant 70 dB. Finalement, une ébauche de projet a vu le jour pour concilier la norme du Ministère d’un mur de 5 mètres de hauteur et la contrainte du Site patrimonial exigeant le maintien de la vue sur le village et du village avec l’emploi de murs vitrés sur remblai. Seul problème, l’évaluation du MTQ pour le projet était de plus de 17 M$ dont 50% à être assumé par la municipalité sous prétexte d’un droit acquis du MTQ. Le projet n’a jamais vu le jour et maintenant, la solution miracle serait de strier le béton en priant pour que cela améliore la visibilité en hiver…

Le problème de sécurité est indiscutable et, considérant les impacts et nuisances générées par le MTQ ainsi que l’importance du Site patrimonial, cela justifie un projet spécifique qui traiterait des vrais problèmes: la sécurité et les nuisances. Des murs vitrés sont monnaie courante en Europe notamment dans les zones urbaines et historiques. Comme les murs opaques de 5 mètres installés par le MTQ en plein champ sur l’autoroute 30 ne semblent pas générer un problème de visibilité avec la neige, la solution me semble s’imposer.

Je demande donc au député d’intervenir auprès du MTQ pour que cette option plus sécuritaire soit étudiée et mise en place aux frais du ministère tout comme pour le striage du béton, car il s’agit de la sécurité.

Si, alternativement la solution n’est pas retenue, la transformation de cette section de la 15-132 en boulevard urbain doit être considérée comme l’avait déjà évoqué le ministre de la Culture de l’époque; la solution serait plus sécuritaire et moins bruyante en raison de la limitation de vitesse.

– Michel Gauthier, La Prairie