Paraplégique après un accident sur un chantier de construction

le lundi 18 décembre 2017

Assis dans son fauteuil roulant, Jonathan Plante a raconté à des élèves comment sa vie a basculé. Un raccourci de 10 minutes qui aurait facilement pu être évité a changé sa vie à jamais, a-t-il dit.
Un article d’Éric Tremblay
L’homme originaire de l’Abitibi a captivé l’auditoire avec son authenticité et son humour. Il était de passage au Centre de formation professionnelle Rive-Sud à La Prairie, le vendredi 15 décembre. Il avait livré pareil témoignage aux élèves en charpenterie-menuiserie du Centre de formation professionnelle Chateauguay Valley, deux jours plus tôt.
Dix ans après l’accident qui l’a rendu paraplégique, il dit être le même gars. Seule sa façon de voir les choses est différente.
Il se croyait invincible
Sur un chantier de construction, Jonathan Plante aimait installer les charpentes de toit. En hauteur, sans peur, jamais attaché.
«J’étais convaincu que comme je n’avais pas peur, je n’aurais jamais d’accident», dit-il.
Le 3 mars 2007, le mince 2 x 6 glacé sur lequel il accède à l’échelon supérieur sera sa rampe de malheur. Un faux mouvement lui occasionne une chute d’une quinzaine de pieds. Comme toujours, il a utilisé sa perception pour évaluer le risque. Le pire outil de lecture, assure-t-il. Et le choc est terrible. Deux vertèbres fracturées. Sa vie ne sera plus jamais la même. Celle de ses proches non plus.
«Le constat a été brutal, mentionne-t-il. On a sauvé dix minutes. Le temps que ça aurait pris à mes collègues et moi pour faire une rampe sécuritaire. Ce raccourci-là, 10 ans plus tard, je me rends compte que j’ai perdu beaucoup plus de temps que ça.»
Depuis, il parcourt le Québec et va à la rencontre de futurs travailleurs. Son message ne sauvera peut-être pas de vie. Mais en exposant sa réalité, il espère allumer une lumière chez certaines personnes.
«Toutes les fois que vous vous retrouvez devant un risque, pensez à l’activité que vous aimez le plus faire, souligne-t-il. Pensez aux gens que vous aimez et qui vous aime.»
«Je vous souhaite à tous de vous rendre à la retraite en santé; ça n’a pas de sens de ne pas pouvoir en profiter.»
-Jonathan Plante
Petits miracles
Son message de prévention, il le prononce avec beaucoup de franchise. Il a parlé des séquelles physiques et psychologiques de son quotidien. Des défis qui se sont présentés sur sa route. Malgré tout, sa vie n’est pas un enfer.
Sportif de nature, il va à la pêche avec ses amis tous les étés. Il en profite en se disant que ce sera peut-être sa dernière expédition afin que la page soit plus facile à tourner si c’est le cas,
M. Plante pratique aussi le paracyclisme et le hockey luge. Assez pour avoir fait sa place sur l’équipe nationale B en 2010-2011. Il a aussi été analyste au Réseau des sports, notamment aux Jeux paralympiques de Vancouver en 2010.
Deux enfants, Maxime en 2009 et Lili-Rose en 2012, sont aussi venus le combler de bonheur.
28
Selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail, 28 jeunes sont chaque jour victimes d’un accident de travail.
Jonathan Plante se sert de son expérience personnelle pour sensibiliser les gens aux accidents de travail.