Pas d’insectes nuisibles dans nos forêts en raison des changements climatiques

le vendredi 3 mars 2017

Si les redoux des hivers des dernières années sont propices à l’apparition de nouveaux insectes nuisibles dans nos forêts, il n’y a pas lieu de s’inquiéter dans l’immédiat.

Selon le biologiste au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Pierre Therrien, il n’y a pas de présence d’insectes défoliateurs [qui se nourrissent des feuilles] provenant du Sud en raison des changements climatiques.

Toutefois, des insectes ravageurs faisant déjà partie de la faune du Québec sont maintenant observés plus au nord de la province. C’est le cas de la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

«L’insecte a tendance à se déplacer vers le Nord, et ce, depuis les deux ou trois dernières épidémies. Ça pourrait être un effet des changements climatiques qui n’avaient pas été notés jusqu’ici. On surveille de près la tordeuse, car c’est l’insecte défoliateur le plus important des forêts au Québec. Actuellement, nous avons une épidémie de cet insecte qui a débuté en 2006 sur la Côte-Nord», explique le biologiste.

On note aussi une plus grande présence des tiques responsables de la maladie de Lyme. Toutefois, il ne s’agit pas d’un insecte, nuance M. Therrien.

«La tique fait partie des arthropodes [invertébrés qui possèdent notamment des pattes articulées et un exosquelette]. On pense que sa présence au Québec est favorisée par des hivers qui sont plus doux», note le scientifique.

Préoccupation

Pierre Therrien se dit soucieux des changements qu’entraîne la hausse des températures.

«Au sein du ministère, il existe un comité qui étudie actuellement les impacts potentiels des changements climatiques», mentionne-t-il.

Des techniciens forestiers parcourent le Québec chaque saison à cet effet. 

Insectes exotiques sous surveillance

Les insectes exotiques arrivés sur le territoire nord-américain par accident suscitent le plus d’inquiétude pour les forêts québécoises.  

«En Ontario, dans la région du Niagara, au Nouveau-Brunswick et dans le Maine, on a identifié des insectes exotiques qui pourraient devenir des menaces pour les forêts québécoises. C’est le cas du puceron lanigère de la pruche. C’est un petit insecte qui est recouvert d’une couche de cire. On dirait une petite boule de laine sur les arbres», déclare-t-il.

La bestiole a été signalée pour la première fois dans les années 1920 en Colombie-Britannique.

Si l’Ontario a réussi à éradiquer la lanigère de la pruche, le ministère surveille sa présence dans les forêts du Québec.

Parmi les espèces exotiques qui causent des torts aux arbres, dont au Québec, notons également l’agrile du frêne dont l’apparition remonte à 1992 aux États-Unis. 

Du côté de l’agriculture

Pas d’inquiétude non plus en matière d’agriculture. Aucune espèce envahissante n’a été détectée en raison du réchauffement climatique. Toutefois, certains insectes qui vivent aux États-Unis sont sous surveillance.

«On s’attend à ce qu’ils montent au Canada et au Québec d’ici les prochaines années», déclare Jean-Philippe Légaré, biologiste et entomologiste au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Il ajoute qu’il est cependant difficile de faire le lien entre l’apparition de nouvelles espèces et le réchauffement climatique.

Tout comme son collègue du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, il se dit davantage préoccupé par les insectes exotiques qui ont été introduits au pays par inadvertance en voyageant à bord, par exemple, de conteneurs de bateau.

«Il y a des espèces à nos portes, poursuit le scientifique. La punaise marbrée [originaire d’Asie] qui a fait son apparition au début des années 2000 aux États-Unis est un ravageur qui s’attaque aux vergers et aux cultures maraîchères. Selon nos modèles climatiques, elle pourrait se retrouver dans nos champs vers 2050», indique M. Légaré.