Vous arrive-t-il de perdre le nord?
J’ai un bon sens de l’orientation. Sans savoir pourquoi ni comment, j’arrive toujours à retrouver ma voiture dans le stationnement d’un centre commercial. Même si je sors par une autre porte. Ou que je n’ai pas prêté attention à l’endroit exact où je l’ai garée. Comme si j’avais une petite boussole intérieure.
Ne me demandez pas comment je fais; je ne le sais pas. Puis, je n’ai aucun mérite. Il en est ainsi. C’est tout. Contrairement à des gens que je connais.
L’autre jour, je riais en me rendant à la tombe de mes grands-parents au cimetière Notre-Dame-des-neiges à Montréal. Tant il y a des allées dans tous les sens. Des pierres tombales à l’infini. À preuve, deux personnes peuvent y passer la journée sans jamais se croiser.
Je n’ai jamais oublié la fois où mes parents avaient perdu patience – et leur sang-froid respectif – à force de tourner en rond. Une demi-heure de plus et que je crois qu’ils auraient divorcé sur-le-champ! Laissant trois petites filles hébétées sur la banquette arrière de l’auto!
Aussi, ils ont développé un truc. Ils comptent le nombre d’intersections jusqu’à la tombe des mes grands-parents. Alors que nous étions ensemble en ce dimanche, je les écoutais en souriant. Parce qu’il m’avait suffi de pointer mon radar intérieur pour m’orienter vers la tombe.
Au dernier instant, j’ai pensé que j’avais tourné à la mauvaise intersection. Pour me faire mentir sur mon instinct. Et leur donner raison. Puis, finalement, j’ai abouti au bon endroit. Comme à mon habitude.
Je peux néanmoins comprendre le désarroi d’une personne désorientée. Parce que ça m’est déjà arrivé. C’était à Boston, je crois. Même en déchiffrant la carte, je n’arrivais pas à m’y retrouver contrairement à mon habitude. Les rues en toile d’araignée contrecarraient les réflexions de mon cerveau cartésien.
En quittant la ville pour revenir à la maison, nous étions partis dans la mauvaise direction. Dans mon for intérieur, je me répétais que nous faisions fausse route. Je le sentais. Mais je n’avais rien de tangible pour l’expliquer. Qu’un malaise de direction, si je peux l’expliquer ainsi.
Aussi, je me demande comment font les oiseaux pour s’orienter. Ça demeure pour moi une énigme non résolue. Et pour plusieurs scientifiques aussi.
Décidément, on n’a pas encore résolu tous les mystères de la vie.
«Je n’ai pas le sens de l’orientation: je ne saurais même pas dessiner la forme approximative de mon trajet.»
-Tristan Garcia