Petite enfance : nos enfants méritent mieux

le mercredi 26 octobre 2016

Il y a quelques jours, le ministre de la Famille, Sébastien Proulx, a démontré une fois de plus son ignorance profonde du milieu de la petite enfance, dans sa tentative de réagir à la nouvelle voulant que les propriétaires de garderies privées puissent s’autofacturer pour leurs propres enfants et ainsi bénéficier de crédit d’impôts.

Empêtré dans sa propre confusion, il a commencé par nier le problème, avant de l’endosser à demi-mots en confondant milieu familial public et privé, et de finalement promettre de contacter Revenu Québec pour corriger la situation.

Cette valse-hésitation confirme ce que nous savions déjà: en laissant le champ libre au milieu familial privé sans demander de compte, le gouvernement libéral s’est mis dans une situation où il ignore tout de ces milieux de garde.

Présentement, le gouvernement ignore combien le Québec compte de garderies en milieu familial privé, combien d’enfants y sont, si des enfants à besoins particuliers y sont, si les services déclarés y sont bel et bien rendus, si les propriétaires ont des casiers judiciaires, si la sécurité des enfants y est assurée et bien d’autres éléments.

Aussi bien dire qu’il ignore tout de ces milieux de garde, qui sont pourtant indirectement subventionnés via les crédits d’impôts anticipés remis aux parents.

Comment le gouvernement peut-il faire des choix éclairés pour l’avenir de nos tout-petits, quand il ignore autant de données essentielles?

Pendant que le ministre Proulx signe un chèque en blanc aux garderies en milieu familial privé, les responsables de services de garde en milieu familial public en arrachent. Pourtant, leurs milieux fournissent bien plus de garanties de qualité et de sécurité, avec des normes strictes en matière d’inspections, de vérification des antécédents judiciaires, de programme pédagogique et j’en passe.

Les grands perdants de ce laisser-aller, ce sont les tout-petits qui voient leur développement tronqué, car leurs premières années de vie, des années cruciales, se passent dans des garderies privées dont il est impossible d’évaluer ou de répertorier l’état de la qualité des services.

Les places régies et subventionnées sont assez nombreuses pour les enfants de notre région. Pour les générations futures, le gouvernement doit mettre fin aux remboursements anticipés, qui subventionnent indirectement des garderies sur lesquelles le gouvernement n’a aucun droit de regard, et réinvestir ces sommes dans nos services de garde publics.

Nos enfants méritent ce qu’il y a de mieux. Ils méritent de passer leurs premières années de vie dans des services de garde de qualité qui assureront leur développement optimal.

Mélanie Piché,

présidente de l’ADIM Suroît

L’Alliance des intervenantes en milieu familial (ADIM) du Suroît est une association représentative des responsables des services de garde en milieu familial, accréditées et membres de la Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ), affiliées à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).