Phares de véhicules, un danger aveuglant sur les routes du Québec ?

le mercredi 29 janvier 2025

Avez-vous déjà eu l’impression d’être aveuglé par des phares de véhicules sur la route? Selon Benoit Charette, journaliste et chroniqueur automobile, les phares, achetés en ligne, peuvent provenir de l’étranger et émettre une lumière trop blanche ou bleue qui peut «littéralement éblouir». Dans certains cas, des phares légaux placés différemment peuvent aussi donner une impression d’éblouissement. 

«L’intensité des phares n’est pas pareille partout dans le monde, fait-il savoir. Pour que les phares soient conformes, il faut qu’ils respectent les normes de SAE, qui font les normes en Amérique du Nord. Les phares, achetés sur Internet, ne sont pas toujours légaux et peuvent être à forte intensité.»

«[Dans le cas des phares placés différemment], les constructeurs se sont permis beaucoup de liberté avec les lumières à DEL. Par exemple, d’avoir des phares séparés, à l’horizontale, à la verticale, ou même sur toute la largeur du véhicule à l’avant, explique-t-il. Parfois, ils ne sont pas nécessairement éblouissants. Ça donne l’impression que c’est plus clair, mais c’est simplement configuré de manière différente. Ça peut tromper l’œil et mélanger les conducteurs.» 

Alessio Alexandre, un citoyen de Saint-Constant, a lancé le 23 décembre 2024 une pétition, adressée à Transports Canada, pour «réglementer la puissance des phares de voitures», qui selon un passage de la pétition, posent un «sérieux danger» pour les autres.

La forte intensité de phares de véhicules sur les routes du Québec peut être expliquée par des phares «non conformes» ou des phares légaux placés différemment qui peuvent «donner l’impression que c’est plus clair», explique Benoit Charette. (Photo : Le Reflet – Denis Germain)

Au moment d’écrire ces lignes, la pétition a obtenu 442 signatures. 

«L’idée de créer une pétition m’est venue lorsque je discutais du problème avec des amis autour d’un feu, commente le Constantin. L’un d’entre eux m’a dit quelque chose du genre “il faudrait que quelqu’un fasse quelque chose pour que ça change”, et sur le chemin du retour vers chez moi, je me suis encore fait éblouir à plusieurs reprises que ce soit sur l’autoroute et sur les routes de campagnes.»

«Je suis tombé sur une pétition change.org le soir même et sans perdre de temps, j’ai créé la mienne», renchérit-il.

Pour sa part, Benoit Charette mentionne qu’il y a de plus en plus de véhicules qui sont «hauts sur pattes», ce qui fait en sorte que ceux-ci peuvent éclairer «en pleine face» les autres usagers de la route avec des plus petites voitures, même si leurs phares sont sur les «basses». 

Des phares non conformes à forte intensité peuvent être dangereux pour les autres usagers de la route, lorsque les conditions de conduite ne sont pas optimales, que ce soit la nuit ou encore pendant une grosse tombée de neige, indique le chroniqueur automobile. 

«Ça ne dure généralement pas trop longtemps [quand on se fait éblouir], mais ça ne prend pas grand-chose pour dévier de sa trajectoire», précise-t-il. 

Quelques conseils

Si une personne souhaite changer ses phares, Benoit Charette recommande de consulter le manuel du propriétaire, qui vient avec le véhicule, et aller dans la section sur les phares, avant d’en acheter des nouveaux. 

«Dans le manuel du propriétaire, il y a une section sur les phares avec un code et avec ce code, demander l’équivalent, informe-t-il. Si vous allez dans un commerce avec pignon sur rue, les phares en général sont conformes.»

Si jamais un conducteur se fait éblouir de l’avant par des phares à trop forte intensité, à M. Charette conseille de baisser le pare-soleil ou d’éviter de regarder directement les phares.

Si l’éblouissement vient de l’arrière, on peut changer de voie et laisser passer le véhicule avec les phares à forte intensité.  

Selon Benoit Charrette, les phares illégaux sur les routes du Québec ne sont pas encore en expansion. Il croit cependant qu’un «travail est commencé» pour trouver les endroits dits «légaux» avec des phares non conformes. 

«C’est difficile de contrôler tout ça, notamment sur le Web, dit-il. C’est un travail qui prendra plusieurs années.»

Qu’est-ce qui est permis au Québec?

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indique sur son site Web qu’il est permis de remplacer les phares conventionnels d’origine par des phares à DEL ou au xénon, mais «seulement si toutes les composantes originales prévues par le constructeur du véhicule (ampoule, bloc phare, système d’ajustement, etc.) sont utilisées». 

«Il faut se méfier des ensembles de phares de remplacement à DEL ou au xénon qui comportent seulement une ampoule et un ballast», précise la SAAQ. 

«Les ensembles qui n’incluent pas le bloc phare pourraient ne pas fournir un éclairage adéquat, puisque l’ampoule ne diffuse pas la lumière de la même façon qu’à l’origine, ajoute-t-elle. C’est pour cette raison qu’ils ne sont pas autorisés.»

Les phares antibrouillards, quant à eux, peuvent être à DEL ou au xénon. 

Toutefois, ceux-ci ne doivent pas nuire à la visibilité des autres feux du véhicule et être installés à l’avant à une hauteur qui «ne dépasse pas celle des phares d’origine du véhicule et d’être conçus à cet effet», explique la SAAQ.

«Pour vérifier si un produit est conforme, recherchez le marquage ‘‘SAE F’’ sur la lentille ou demandez au manufacturier si le phare antibrouillard respecte les normes canadiennes, ajoute-t-elle. Vous vous assurerez ainsi d’obtenir un faisceau d’éclairage qui pointe principalement vers le sol.»

Selon le Code de la sécurité routière, la SAAQ peut exiger le retrait, la réparation ou la modification d’équipements qui n’ont pas été installés par le constructeur d’un véhicule routier s’ils présentent des risques pour les usagers de la route.

Gestion du Canada?

Alors que les provinces et les territoires gèrent l’entretien et l’installation de pièces de rechange, le gouvernement fédéral, quant à lui, encadre la conformité des véhicules dès leur sortie d’usine. 

Par courriel, Transports Canada précise que la norme, qui a été mise à jour le 21 mars 2018, introduit de nouvelles options pour les technologies d’éclairage avancées qui améliorent la visibilité des conducteurs tout en réduisant l’éblouissement pour les autres usagers de la route.  

Cette mise à jour impose des exigences comme la limitation de la hauteur des phares et l’ajout d’un nivellement automatique pour les technologies à haute intensité. 

«Au-delà des exigences obligatoires du DNT 108, il existe d’autres exigences facultatives pour les feux qu’un constructeur peut choisir d’incorporer dans son véhicule (par exemple, les règlements des Nations unies et les normes SAE)», précise l’organisme fédéral.