VIDÉOS – Pilote de l’air à 13 ans

le mercredi 14 juillet 2021

À 1 000 pieds d’altitude dans les airs, aux commandes d’un avion ultraléger de type pendulaire, Nelly Alexandre se sent libre. «C’est comme s’il n’y avait rien d’autre de plus important pour moi que de voler», confie la jeune pilote de Saint-Mathieu.

 

Cet état de grâce, l’adolescente de 13 ans le trouve depuis un an à bord des appareils de l’école d’aviation Rou-Air à Saint-Hyacinthe. Elle y suit une formation de pilotage auprès du fondateur de l’entreprise, Bernard Rouer. Son père Steve Alexandre, lui-même accro à cette activité depuis qu’il y a été initié il y a deux ans, l’a encouragée à en faire l’essai en mai 2020. La piqûre s’est transmise, la passion, devenue instantanée.  

«Mon père dit souvent que voler, c’est comme une drogue. Il a raison, approuve-t-elle. J’étais stressée au départ, mais le professeur s’est assis derrière moi et m’a expliqué ce que je devais faire.»

À l’arrière, celui-ci peut tout exécuter, mais pas freiner, explique M. Alexandre. Sa fille apprend donc à diriger l’appareil au sol avec ses pieds, puis à décoller et, surtout, à atterrir correctement, la manœuvre la plus difficile à réaliser, révèle-t-il.   

«Un singe pourrait procéder au décollage!, répète-t-il plusieurs fois. Mais l’atterrissage, en revanche, est complexe. Ça prend plusieurs heures de pratique avant d’y arriver. C’est un mouvement très énergique qui doit être fait.»

«Je l’ai réussi une fois», fait savoir l’adolescente avec fierté.

Des conditions parfaites et son talent ont en effet convaincu son professeur de lui permettre d’atterrir sans aide. Elle en est maintenant à plus de cinq heures de vol derrière la cravate.

 

Candidate exceptionnelle

Les adolescents possédant une capacité d’apprentissage rapide comme Nelly Alexandre sont rares, confirme l’école d’aviation Rou-Air.

«Elle est notre plus jeune élève depuis la fondation de notre entreprise. Elle a fait un vol de familiarisation de quelques minutes, puis s’est tout de suite installée aux commandes. C’est une candidate exceptionnelle pour devenir pilote certifiée», assure Julie Trépanier, directrice des opérations.

«Nelly est toujours relax aux commandes. Elle n’a pas de barrière.» -Julie Trépanier, École Rou-Air

Ayant déjà exprimé son souhait de se joindre à l’armée, la Mathéenne confie qu’elle a trouvé une façon d’allier son choix de carrière à sa passion pour l’aviation.

«Je veux piloter des jets militaires», répond-elle avec assurance.

Elle prévoit s’inscrire au programme Pilotage d’aéronefs au Cégep de Chicoutimi après son secondaire.

D’ici là, elle pourra obtenir son brevet de pilote à partir de 16 ans, précise-t-elle.

Météo favorable

Le sang-froid de sa fille impressionne M. Alexandre. Comme elle, il dit vivre un moment indescriptible lorsqu’il vole. Plutôt ironique pour celui qui affirme avoir généralement peur des hauteurs.

«Je suis envahi d’un sentiment de bien-être. Je peux avoir passé une semaine difficile, puis tout oublier lorsque je vole, ne serait-ce qu’une heure», confie celui qui croit que le moteur le sécurise malgré l’altitude.

Lorsqu’il le peut, il essaie de voler au moins une fois par semaine. La météo doit toutefois jouer en sa faveur. L’absence de vent et de pluie sont obligatoires pour avoir l’autorisation de s’élancer dans les airs, précisent-ils.  

«Malheureusement, nous avons un été très venteux jusqu’à présent, fait remarquer le pilote. Le vent est souvent faible le matin, mais se lève en cours de journée, forçant l’annulation de nos séances.»

Le père et la fille s’extasient devant la beauté des paysages qu’ils survolent. Ils prennent le départ à Saint-Hyacinthe, puis atterrissent sur de petites pistes, dont à Napierville, Beloeil et Bromont. Ils évitent les plus grosses comme celle à Saint-Hubert pour des questions de sécurité.

«Les arbres colorés l’automne, les chevreuils qui gambadent… Seul un appareil comme celui-ci nous permet de les admirer ainsi», souligne-t-il.

Nelly raconte pour sa part avoir vécu «la plus belle journée de sa vie» au terme d’une séance de pilotage en fin d’après-midi, devant un coucher de soleil spectaculaire.

 

 

Un pendulaire

Un pendulaire est un deltaplane motorisé de la catégorie des ultralégers. Sa vitesse de croisière est de 100 km/h, précise Steve Alexandre, tandis qu’elle baisse à 65 km/h lors de l’atterrissage. Le centre de gravité se trouve sous l’aile, ce qui provoque l’effet de balancier, d’où le nom pendulaire. Il atteint entre 1 000 et 2 000 pieds d’altitude. En comparaison, un avion atteint jusqu’à 40 000 pieds.