L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) étudiait la possibilité de mettre fin à la ligne de train de banlieue de Candiac pour la remplacer par des lignes d’autobus directes, selon ce qu’a appris Radio-Canada. Une avenue qui fait sourciller le maire de Candiac Normand Dyotte.
Le maire se questionne sur la cohérence de cette possibilité alors que les aires TOD ont été développées autour de ces moyens de transport collectif.
«Ça va à l’encontre des orientations gouvernementales, indique-t-il au bout du fil. C’est une ligne de transport structurante pour développer l’ensemble des gares avec du développement de haute densité. Les gens viennent s’installer dans le quartier en raison du train de banlieue.»
Il explique mal le refus du gouvernement d’investir davantage dans le transport collectif. Il comprend que le financement est un enjeu, mais il croit qu’il s’agit avant tout d’un investissement.
«Pour moi, c’est un choix de société, estime-t-il. Le gouvernement doit continuer à mettre de l’argent. Si on veut diminuer [la présence de l’automobile], qui est un objectif gouvernemental, il faut développer le transport collectif et non couper des services.»
«Loin de là, pas du tout»
L’ARTM assure qu’elle n’est pas rendue à l’étape de supprimer des services et qu’elle est présentement en train de brosser un «portrait de la performance».
«Cet exercice est nécessaire puisque nous avons une responsabilité devant les contribuables et la population dont nous gérons les fonds, explique Simon Charbonneau, directeur affaires publiques et communications de l’ARTM. Toutefois, nous devons aussi continuer d’offrir des services efficaces et attrayants aux usagers.»
Il ajoute que la société de transport est «particulièrement sensible aux besoins des Couronnes» et qu’elle préfère améliorer la performance du transport collectif que de couper dans les services.
«Actuellement, toutes les pierres sont retournées afin d’analyser la performance de tous les services de transport collectif, poursuit-il. On veut continuer de développer le service partout sur le territoire, mais on a des ressources financières limitées.»
Il rappelle qu’actuellement, les pistes étudiées demeurent préliminaires et que l’ARTM n’en est pas à l’étape d’une quelconque décision ou mise en application.
«C’est important d’avoir une vue d’ensemble», conclut-il.
La colonne vertébrale du réseau
Du côté d’exo, qui est l’opérateur des trains de banlieue, il n’est pas question de fermer des lignes de train ou des gares.
«Dans plusieurs secteurs, le train est la colonne vertébrale du réseau de transport collectif, soutient Catherine Maurice, chef des relations médias et communications d’exo. Aucun autre mode de transport ne peut remplacer [le train] en déplaçant autant de gens sur le réseau routier avec autant de fiabilité et de confort.»
De plus, elle ajoute que le nombre d’autobus et de chauffeurs disponibles dans la région métropolitaine est «actuellement insuffisant pour remplacer toute la capacité des trains que l’on menace de disparition».
«L’interruption de service que nous avons vécu au mois d’août en raison du lock-out au CPKC a mis en évidence les avantages et l’importance des lignes de train de banlieue pour la grande région métropolitaine, souligne Mme Maurice. Au moment où la congestion routière est à son point culminant, ajouter un grand nombre d’autobus sur la route ne fait pas de sens.»
Elle estime que le document de l’ARTM qui a fuité ne semble pas prendre en compte d’autres critères comme l’offre de service, la qualité du service ainsi que l’attractivité du transport collectif.
«Nous avons déjà de la difficulté à faire des projets structurants en transport collectif dans la région métropolitaine, et le manque de services en transport collectif en couronnes est flagrant, il faut garder les services que nous avons», conclut-elle.
Données
D’après différents médias, l’ARTM économiserait entre 38 et 44 M$ en supprimant la ligne de Candiac, mais celles aussi de Mascouche et Mont-Saint-Hilaire. Toutefois, les systèmes d’autobus directs en coûteraient environ 18 M$.
Selon les données d’exo, le trajet de Candiac est passé d’environ 1 250 000 passages annuellement en 2019 à moins de 750 000 en 2023. Le train de banlieue, toutes lignes confondues, serait le moyen de transport le moins utilisé depuis cette période.