Des équipes sensibilisées à la culture toxique dans le sport

le mercredi 21 décembre 2022

Le monde du hockey a récemment été secoué par des scandales, notamment après qu’il ait été révélé qu’Hockey Canada avait conclu des ententes à l’amiable pour taire des cas d’agressions sexuelles. Les joueurs du Collège Charles-Lemoyne (CCL) ont été sensibilisés à cette réalité grâce à Catherine Laroche, qui est allée à leur rencontre pour partager ce qu’elle a vécu en tant que victime.

À travers son programme Égaux sans égo, Mme Laroche donne des ateliers sur les profils de l’égo sportif, le système de valeurs, le respect du consentement sexuel, la consommation et le sport, l’effet de groupe, ainsi que l’humilité. Elle estime que le concept de «l’égo démesuré» se retrouve particulièrement dans les milieux où se côtoient l’argent et le succès.

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Catherine Laroche parle de son expérience aux joueurs. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

«Je voyais qu’il y avait peu de choses du côté de l’éducation et de la prévention dans ce domaine-là, explique la native de Trois-Rivières. J’ai toujours voulu faire de quoi de positif avec le négatif.»

Voyant que le cheminent judiciaire de sa cause s’éternisait, Mme Laroche a voulu trouver une autre façon de faire une différence.

La femme de 30 ans organise des ateliers pour les joueurs M18AAA et M15. Elle effectuait une tournée des écoles l’année dernière quand elle a été contactée par le Collège Charles-Lemoyne qui souhaitait la rencontrer.

«Ça faisait longtemps qu’Olivier Latendresse voulait mettre en place ce genre d’atelier, raconte-t-elle. Si les joueurs peuvent déjà être préparés avant d’être au niveau midget, ça pourrait être ancré à long terme dans leur tête.»

Ouverture

Pour sa part, l’entraîneur-chef des Riverains rappelle l’importance de ces échanges.

«Je pense que c’est bon qu’on en parle, croit M. Latendresse. C’est une discussion ouverte où les joueurs peuvent dire ce qu’ils veulent, tout en respectant les autres.»

Il admet que les jeunes sont un peu gênés, mais Catherine/Mme Laroche offre ses services pour les rencontrer individuellement.

«Mon but, c’est de les responsabiliser, et non pas de leur faire la morale, renchérit-elle. Je les amène à faire des pas de recul que l’égo en autopilote ne leur permet pas de faire.»

Les ateliers se déroulent sous forme de discussions de groupe une fois par mois, pour un total de six.

«Sa façon de parler forme une discussion ouverte, indique Olivier Latendresse. Catherine est vraiment ‘’la fille parmi les garçons’’, donc ça rend ça plus accessible aussi.»

Selon Mme Laroche, l’écoute est primordiale lorsqu’on tente d’aider une victime.

«C’est tellement important de l’accompagner pour qu’elle fasse son propre processus, croit-elle. Ce sont mes parents et mon monde autour de moi qui m’ont aidée [à traverser ça].»

Elle croit en l’éducation pour changer la culture au hockey.

Garder espoir

Même si plusieurs scandales sexuels ont été dévoilés au grand jour au cours des derniers mois, Catherine Laroche garde espoir que les mentalités puissent changer.

«On éduque nos hommes à réprimer nos émotions et à être des piliers familiaux, dit-elle. J’essaie d’être un espace neutre, libre, pour montrer que la vulnérabilité est une force. C’est lorsque je fais des suivis individuels que je vois de l’espoir.»

La Trifluvienne ne cache pas que les joueurs ne peuvent pas tout faire par eux-mêmes et que le soutien de l’organisation est nécessaire.

«Ça prend des entraîneurs et une organisation dévoués qui ont le bien-être des joueurs à cœur avant leur réputation, estime-t-elle. Le CCL a vraiment démontré vouloir le bien-être de ses jeunes.»

Elle croit que ces discussions permettent aux hommes de reprendre la maîtrise de leurs émotions.

«Moins de conséquences peuvent arriver, croit-elle. Les joueurs me donnent espoir lorsqu’ils ont envie d’améliorer leur sort et d’enlever leurs comportements toxiques.»

Commentaires des joueursr
«Je trouve ça intéressant qu’elle en parle. On devrait plus souvent discuter de ce genre de situation-là.» – Philippe Veilleux

«Je trouve ça vraiment intéressant ce qu’elle apportait. Personnellement, je pense que cela a touché tout le monde et ils se sont retrouvés dans ce qu’elle disait.» – Nathan Quinn

«L’atelier m’a conscientisé et éduqué sur cette réalité-là.» – Anthony Blouin

«À la place de me dire que c’est moi contre lui, j’aime mieux éduquer les ‘’lui’’ pour protéger les ‘’moi’’.»

-Catherine Laroche