Proche du but, un résident de Candiac renonce au sommet de l’Aconcagua

le vendredi 3 février 2017

C’est à la fois une leçon d’humilité et de courage qu’a livré au Reflet Jules Fournier. Parti en Argentine pour faire l’ascension de l’Aconcagua, la plus haute montagne des Amériques, l’homme de 53 ans a dû renoncer à son rêve à quelques centaines de mètres du sommet.

C’est avec une entreprise spécialisée dans les expéditions d’aventure que le Candiacois a tenté de relever le défi en compagnie de 12 autres personnes, du 7 au 30 janvier.

S’adonnant à la course à pied – il a plusieurs demi-marathons à son palmarès – et à l’escalade intérieure, M. Fournier s’est préparé physiquement durant 18 mois pour affronter la montagne. Sur place, il a été confronté à la dure réalité de la raréfaction de l’oxygène en altitude.

«Quand on effectue une ascension en haute altitude, on n’a aucune idée lorsqu’on dépasse les 4 000 ou 5 000 m, de quelle manière notre corps va réagir, mentionne-t-il. Dès la première semaine, deux personnes de notre groupe n’ont pu entreprendre l’ascension. Les médecins du parc national où se trouve l’Aconcagua leur avaient diagnostiqué un début d’œdème pulmonaire. Elles ont été évacuées par hélicoptère.»

Charge

À l’instar des autres randonneurs, Jules Fournier a dû transporter, en plus de ses effets personnels, une partie du matériel de l’expédition, incluant les vivres et l’eau. Une charge de 20 kg.

«L’eau, c’est lourd! Mais il le fallait, puisque nous devions boire quotidiennement quatre litres de liquide pour éviter la déshydratation et les problèmes de circulation sanguine», dit-il.

À cette difficulté, il faut ajouter l’habillement pour résister au froid qui ne facilite pas les mouvements.

«Le trekking [randonnée pédestre en montagne] dans les montagnes de l’Est des États-Unis, ce n’est pas très haut et on est habillé léger. Sur l’Aconcagua, au-delà de 5 000 m, c’est un temps polaire. Nous vivions durant les 14 jours, 24 heures sur 24 à l’extérieur et nous marchions six heures par jour», rappelle-t-il.

Dame Nature a été clémente envers les aventuriers avec des températures de -10o C la nuit et de +10oC le jour. Idem pour les vents qui n’ont pas atteint les 100 km/h comme cela peut être le cas.

Comme toute randonnée en haute altitude, les marcheurs ont dû effectuer l’ascension en paliers pour s’acclimater au manque d’oxygène.

Si loin et si près à la fois

À 362 m du sommet, Jules Fournier, a pris seul la décision d’arrêter l’ascension. Une distance que ses collègues ont pris 5 heures à parcourir.

«J’ai pris la bonne décision grâce à mon expérience de la montagne. Depuis l’âge de 8 ans que je fais du trekking. La semaine et demie précédente, j’avais perdu 5 kg [une douzaine de livres]. Un peu comme un marathonien arrivant à quelques kilomètres de l’arrivée, j’ai tout simplement manqué d’énergie», raconte le sportif.

Il ajoute que sur le plan psychologique, il s’était préparé à cette éventualité de faire marche arrière.

«En montagne, on sait que si l’on va trop loin, cela oblige d’autres personnes dans l’équipe à nous redescendre. On les oblige alors à renoncer, elles aussi, à atteindre le sommet. L’intérêt commun prime en montagne. On est tous interdépendants des uns des autres», note-t-il.

Jules Fournier n’a pas été seul dans cette situation. Un guide de l’expédition a dû lui aussi renoncer au sommet.

 

Pas de regret sur les coûts

L’ascension de cette montagne qui culmine à 6 962 m a nécessité un déboursé 13 000$ (billet d’avion, assurances, frais d’équipement, expédition, etc.) de la part de Jules Fournier. Un investissement réparti sur deux ans. Éprouve-t-il des regrets d’avoir dépensé cette somme sans avoir atteint le sommet?

«Non, car c’est l’expérience d’une vie. Je ne compte pas en faire beaucoup. Gravir l’Himalaya coûte 70 000$. Si j’étais plus jeune, je referais l’ascension de l’Aconcagua, mais à mon âge, je vise d’autres montagnes plus basses», déclare celui-ci.