Producteurs d’œufs depuis quatre générations

le mardi 13 février 2018

Lorsque le grand-père de Michel Provost a démarré l’entreprise du rang Saint-Pierre Nord à Saint-Constant, il élevait une centaine de poules. Aujourd’hui, Michel et son fils Mathieu s’occupent de 25 000 poules pondeuses qui produisent en moyenne 625 000 douzaines d’œufs par an!
«Je suis sur la ferme depuis que je suis petit gars et c’était clair pour moi que je prendrais le relai un jour, indique l’homme de 65 ans qui a vu son père travailler jusqu’à l’âge de 80 ans. Plus je vieillis, plus j’aime ce que je fais. Ce n’est pas un aria pour moi de venir travailler.»
Père de trois filles et d’un garçon, M. Provost indique que la tâche sur la ferme n’est pas assez importante pour que tous ses enfants y gagnent leur vie; ce n’est donc pas faute d’intérêt.
En 40 ans, la technologie a tellement évolué que plusieurs opérations sont désormais automatisées. Dans le poulailler, presque tout est mécanisé: la nourriture, l’eau, le chauffage, la collecte des œufs, l’évacuation du fumier, etc.
«Quand j’ai commencé, je pelletais ben du fumier, mais plus maintenant, indique le producteur, qui ne se tourne pas les pouces pour autant. On est passé de 11 400 à 25 000 poules et pourtant, on fait le même ouvrage.»
Un mode de vie
Hélène Cousineau et Michel Provost font une belle équipe.
Amante de la nature, Mme Cousineau travaillait pour l’entreprise familiale Les Jardins Cousineau avant de joindre son tendre époux sur la production d’œufs. Elle comprend donc la réalité agricole.
«J’ai été pas mal seule à m’occuper de l’éducation des enfants parce que Michel rentrait tard le soir, indique-t-elle. Mais je sais que d’avoir une ferme demande des sacrifices. Les sous, c’est sur les machines qu’ont les investissaient au début et pas sur des petits luxes. Mais aujourd’hui, ça nous rapporte.»
En été, le couple et leur fils Mathieu passent facilement 80 heures par semaine sur la ferme. En plus de produire des œufs, ils cultivent du soya et du maïs en grain pour nourrir les poules.
Ils font également de la maintenance sur la machinerie, remplissent de la paperasse et entretiennent les infrastructures. Ils ont dernièrement ajouté un bâtiment pour augmenter la production.
En hiver, comme les récoltes sont terminées et qu’il n’y a pas d’entretien à faire à l’extérieur, le couple peut désormais se permettre de partir près d’un mois en vacances.
Au moment de l’entrevue, Mathieu Provost était d’ailleurs parti faire un contrat de déneigement vu la diminution de la tâche quotidienne.
Pas de compétition entre producteurs
Grâce à la gestion de l’offre instaurée au Canada dans les années 1970, les producteurs d’œufs retirent un juste revenu par rapport à leurs coûts de production.
«Nos investissements sont plus importants, donc notre marge de profit est plus mince, mais grâce à la gestion de l’offre, il n’y a pas de compétition entre producteurs parce que tout le monde vend ses œufs au même prix. Ça assure une certaine stabilité de revenus», explique Michel Provost.
Les Provost, tout comme les Producteurs d’œufs du Canada, surveillent étroitement les renégociations de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), un accord commercial trilatéral entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, qui pourraient venir changer les règles du jeu.
«Les règles que nous avons présentement maintiennent la stabilité du marché. Si on permet aux Américains d’importer plus d’œufs, ça va tuer notre industrie parce qu’ils sont capables de les vendre beaucoup moins cher que nous, vu leur climat», s’inquiète M. Provost.
 
La ferme Agribec en chiffres
25 000 poules
La ferme Agribec possède 25 000 poules pondeuses qui produisent des œufs bruns.
51 semaines
Les producteurs gardent leurs poules 51 semaines. Après, la qualité des œufs qu’elles pondent diminue, disent-ils. Les poules sont ensuite remplacées par des poussins qui commencent à pondre à 19 semaines de vie.
4 employés
Michel Provost travaille avec sa femme, Hélène Cousineau. Leur fils, Mathieu, a aussi des parts dans l’entreprise. Ils emploient une personne de plus.
10 ans
Lorsque Michel Provost a pris la relève de son père en 1975, sa femme et lui n’ont pas pris de vacances pendant 10 ans.