Rainette faux-grillon: la ministre McKenna reconnaît qu’il y a urgence

le dimanche 6 décembre 2015

Maintenant qu’un décret d’urgence a été annoncé par Ottawa, l’avocate et directrice générale du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), Karine Péloffy, espère que les rainettes se trouvant dans la partie ouest du projet domiciliaire Symbiocité à La Prairie pourront être sauvées.

«C’est une excellente nouvelle pour toutes les autres populations de l’espèce, a-t-elle commencé. Mais dans l’idéal, on aurait aimé qu’une décision se prenne avant que le projet de La Prairie ne prenne forme. On espère que les phases IV, V et VI pourront être freinées ou, à tout le moins, modifiées.»

Le CQDE, Nature Québec, la Ville de La Prairie et l’entrepreneur Quintcap avaient signé une entente hors cour, le 8 septembre, pour que les travaux des phases I,II et III puissent se terminer dans les délais prévus.

Le président du principal promoteur du projet évalué à 300 M$, Théodore Quint, n’a pas retourné l’appel du Journal.

«Puisque le décret n’est pas formellement annoncé, sa nature exacte, sa portée et ses implications possibles ne sont pas connues. Dans un tel contexte, la Ville de La Prairie tient à préciser qu’elle n’émettra pas de commentaires à cet égard. Elle continue de suivre de près ce dossier», a fait savoir la municipalité par voie de communiqué lundi après-midi.

«Menace imminente» 

La nouvelle ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, a recommandé la prise d’un décret d’urgence pour la rainette faux-grillon de l’Ouest à La Prairie, samedi après-midi. Elle en a fait l’annonce dans un communiqué de presse en marge de la Conférence de Paris.

«En me fondant sur les meilleurs renseignements existants, notamment sur les plus récentes données scientifiques, j’ai établi qu’une menace imminente pèse sur le rétablissement de la rainette faux-grillon de l’Ouest (population des Grands Lacs et du Saint?Laurent et population du Bouclier canadien) dans le bois de la Commune, à La Prairie, au Québec», a indiqué la ministre.

«Dans les semaines à venir, mon ministère consultera les parties concernées pour recueillir des renseignements qui serviront à établir la portée du décret d’urgence et les activités interdites susceptibles d’y être incluses», a-t-elle ajouté.

Mme McKenna a aussi fait savoir qu’elle collaborerait avec les intervenants pour mettre en œuvre le programme de rétablissement de l’espèce publié le 1er décembre. 

Jugement

Dans une décision rendue le 22 juin, le juge Luc Martineau de la Cour fédérale avait conclu que l’ancienne ministre de l’Environnement, Leona Aglukkaq, avait écarté d’une «manière arbitraire et capricieuse l’opinion scientifique des experts de son ministère» au sujet de la recommandation d’un décret d’urgence pour protéger la rainette faux-grillon. Le juge lui avait donné six mois pour revoir le dossier et rendre une nouvelle décision.

Entretemps, un nouveau gouvernement a été élu et Mme Aglukkaq a été remplacée.

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